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QUESTION D'ACTU

Inexpérience

Ados : comment ne pas se sentir nul au lit

On imagine qu’un rapport sexuel normal, c’est le grand huit avec sons et lumières. La réalité, c’est qu’à 15  comme à 20 ans, le plaisir ne va pas de soi, c’est un apprentissage. 

Ados : comment ne pas se sentir nul au lit © 123RF-sabphoto




Les garçons ont de la chance, ils découvrent l’orgasme naturellement, très vite au commencement de leur sexualité, ça ne signifie pas pour autant qu’ils sont des champions au lit. C’est même souvent le contraire, ils ont du plaisir, mais ils doivent apprendre à le maîtriser et à « durer » un peu pour que leur partenaire ait le temps, elle aussi de prendre du plaisir…

Pour les filles, c’est plus compliqué. Elles ont un sexe interne et mystérieux, du coup, elles ignorent leur fonctionnement intime. Elles connaissent mal leur corps, contrairement aux garçons, elles se sont très peu (voire jamais) masturbées. Or , comme le dit le sexologue Gérard Leleu « l’orgasme est une compétence qui s’acquiert à l’ancienneté », souvent au bout de plusieurs mois ou années d’apprentissage.
Lorsqu’on découvre les premiers mots d’une langue, on n’est pas bilingue pour autant le lendemain. Pour l’amour, c’est pareil, on n’est pas frigide si on n’a pas de plaisir lors des premiers rapports sexuels. « De nombreuses raisons peuvent expliquer cette situation comme des soucis ou une absence de sentiments ou de désir, explique-t-on dans Questions d’ados, un document de l’Inpes (1) destiné aux jeunes. Mais le plus souvent,  la frigidité n’est pas définitive et les choses s’arrangent avec le temps ».

Un constat confirmé par la gynécologue et sexologue Marie Veluire , auteur du livre Les adolescents et la sexualité, (éditions Robert Laffont): « En général, la deuxième fois, c’est mieux que la première, la troisième mieux que la seconde, et ainsi de suite car la sexualité est un apprentissage et se développe tout au long de la vie. La seule chose qui peut rendre le rapport douloureux, c’est la peur, qui entraîne une contraction du périnée ».
Plus on est détendue et complice mieux les choses se passent.

 

Valoriser le partenaire

Jusqu’à preuve du contraire, le rapport sexuel se pratique à deux, chacun a donc sa part de responsabilité dans la réussite des échanges amoureux. Il est certain qu’avec un partenaire expérimenté, on aura plus de chance de se laisser guider et de trouver les chemins du plaisir ensemble. Mais avec quelqu’un d’aussi peu expérimenté que soi, les difficultés s’additionneront et le rapport pourra apparaître plus décevant.

Il y a alors intérêt à dialoguer, à expliquer ce qu’on attend. Le plaisir de l’un entraînera le plaisir de l’autre, c’est un cercle vertueux !

« Il vaut mieux formuler des indications de manière positive : «  j’aimais mieux quand tu me caressais là », « j’aime tellement quand tu es doux », « oui, encore », plutôt que «  pas comme ça, ça fait mal », « pas trop fort »…
Dans le premier cas, on valorise ce qui est bien chez son partenaire, dans le second cas, on insiste sur sa maladresse, donc on le déstabilise et le fragilise, ce qui revient en boomerang sur soi, indique le gynécologue Sylvain Mimoun ».

Les préliminaires sont essentiels, ils commencent bien avant le déshabillage, permettent de créer une ambiance douce, érotique et chaude, on se caresse, on se câline, on s’abandonne, tout cela sans précipitation. La confiance venant, les défenses tombent peu à peu. L’amour, c’est avant tout du lâcher-prise.

 

Des idées fausses à la pelle

On s’imagine que pour être « un bon coup », il faut forcément adopter certaines pratiques, la fellation, le cunnilingus, l’amour à plusieurs, l’utilisation de sex-toys, les films pornos… « On est très loin de la réalité habituelle des couples, même les plus expérimentés, rappelle le gynécologue. Ce décalage entre ce que l’on croit qui se pratique et ce qui se pratique vraiment est à l’origine de la perception négative de soi-même et de la dépréciation qui s’ensuit ».

Les médias et la pub porno chic ont leur part de responsabilité dans cette affaire, ils renvoient l’image d’une sexualité ultra-libérée et libertine. Alors forcément, quand on ne s’y retrouve pas, on se sent minable, on simule parfois au lit, on doute et on s’inquiète.

Non, on n’est pas obligé d’avoir un, deux ou trois orgasmes à chaque fois ( en réalité, une femme sur dix seulement affirme avoir du plaisir à tous les coups). On n’est pas obligé non plus de reproduire ce qu’on voit dans les films pornos, scènes qui vont totalement à l’encontre de la sexualité habituelle des femmes et qui véhiculent des messages caricaturaux et normatifs.

 

Mal à l’aise et complexée

Alors que les garçons sont plus préoccupés par leur capacité à pénétrer et affirmer leur virilité, les filles sont plus sensibles à l’image de leur corps, aux complexes, à  la peur de se mettre à nu et d’être observées.
Tout cela peut influencer leurs premiers rapports amoureux et les compliquer, parce qu’elles n’oseront pas se laisser aller.  C’est normal, il faut du temps pour se dévoiler. Surtout à la puberté, quand le corps se transforme, que les fesses, les cuisses, les seins, les poils opèrent une transformation radicale à laquelle soi-même on n’a pas eu le temps de s’habituer.

Si on n’ose pas parler à son copain de ses doutes sur soi, alors il faut compenser autrement, mettre en valeur son corps par de jolis sous vêtements, des bijoux de corps, des tatouages éphémères, un parfum qui habille et qui charme.
Sourire et offrir le meilleur de soi aussi, c’est l’antidote absolu. Un garçon sera peu sensible à une fille fermée, barricadée et complexée par ses kilos de trop ou ses vergetures, en revanche, il sera bien plus touché par la même fille accueillante et souriante.

(1)Institut national de prévention et d'éducation pour la santé

 

 

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