La greffe d'un rein est le meilleur traitement pour la plupart des personnes atteintes d’insuffisance rénale chronique terminale. Si l’attribution d’un greffon relève d’un barème de points fixé par la réglementation, l’accès à la liste d'attente est laissé à l’appréciation des médecins.
Or, des inégalités d’accès à cette liste existent aujourd'hui en France (en termes d’âge, de genre, de comorbidités, de délais d’inscription), rappelle ce mercredi la Haute Autorité de Santé.
Dans un communiqué de presse, elle estime qu’au moins 1 800 personnes non inscrites pourraient y accéder. Pour réduire ces inégalités et uniformiser les pratiques, elle publie des recommandations pour aider la décision des professionnels après échanges avec les patients.
Plusieurs actions prioritaires
Après saisie du ministère de la Santé, la HAS conseille tout d'abord d'augmenter les inscriptions anticipées sur la liste, c’est-à-dire avant la mise en place d’une dialyse, afin d’augmenter les chances d’obtenir une greffe, mais aussi les chances de réussite de la greffe.
Par ailleurs, elle propose de réduire les délais en mettant en place un système de suivi des patients et en optimisant chaque étape de l’accès à la liste (information du patient, orientation vers le bilan de santé prétransplantation, début et fin de bilan, décision d’inscription ou de non-inscription), afin d’éviter que l’état de santé du patient s’aggrave.
Mieux repérer les patients non identifiés
De plus, elle souhaite réduire les inégalités d’accès par le suivi des indications et contre-indications déterminées par la HAS, en collaboration étroite avec les professionnels et les patients concernés, et en étant vigilants aux déterminants sociaux (âge, genre, niveau d’éducation, précarité) qui peuvent avoir un impact sur le parcours d’accès à la liste d’attente.
Enfin, la HAS alerte sur l'importance de bien repérer les patients qui auraient pu être inscrits sur la liste, mais qui n’ont pas été identifiés. Cela concerne notamment les patients qui sont dialysés en urgence (30 % des patients dialysés) et qui n’ont pas pu anticiper avec un néphrologue le choix d’un traitement de suppléance avant d’atteindre le stade 5 (1).
12 000 personnes sur la liste d'attente
Lorsqu’elle est possible, la greffe d'un rein offre une meilleure espérance de vie et une meilleure qualité de vie par rapport à la dialyse et est aussi plus efficiente. Elle reste toutefois limitée à cause du manque de greffons disponibles.
12 000 personnes sont actuellement inscrites sur la liste d’attente nationale de greffe rénale. Les femmes y sont largement sous-représentées. Une femme a en effet 30 % de chances en moins d’être inscrite qu’un homme, à âge, maladies associées et statut professionnel égaux
Tout patient de moins de 85 ans, avec une maladie rénale chronique irréversible de stade 4 (susceptible d’évoluer vers le stade 5 dans les 12 mois) ou de stade 5, dialysé ou non, doit pouvoir accéder à la liste s’il ne présente pas de contre-indications à la greffe.
La HAS a identifié 10 contre-indications à l’orientation vers un parcours de greffe : le refus du patient, un âge supérieur à 85 ans, un cancer ou une hémopathie maligne non en rémission, des comorbidités cardio-vasculaires sévères, des comorbidités respiratoires sévères, des troubles psychiatriques aigus non stabilisés ou chroniques non suivis, une dépendance à l’alcool ou une addiction aux drogues dures sans projet de sevrage, une démence avérée évoluée, une obésité avec un indice de masse corporelle (IMC) supérieur à 50 kg/m2, une décision de ne pas engager un traitement de suppléance.
En France, 33 700 personnes sont porteuses d'un greffon fonctionnel de rein et 42 500 sont dialysées.
(1) Au stade 5, le rein n'assure plus ses fonctions et le patient nécessite un traitement de suppléance, greffe d’un rein ou dialyse.