Les pesticides les plus fréquemment utilisés provoqueraient des dommages pulmonaires chez les enfants, révèle une étude menée par l’Université de Berkeley en Californie (Etats-Unis) et publiée ce jeudi dans le journal Thorax. Cette exposition précoce pourrait mener à de graves problèmes de santé l'âge adulte.
Les chercheurs américains se sont intéressés à l’impact sanitaire des pesticides organophosphorés. Ils ont été développés dans les années 1970 pour remplacer les composés organochlorés comme le DDT – un insecticide interdit depuis 30 ans-, persistant dans l’environnement et l’organisme humain. Très efficaces contre les insectes, ces produits phytosanitaires se sont rapidement imposés dans l’agriculture. On les retrouve également dans certains anti-poux de nos chères petites têtes blondes.
Selon l’Institut de veille sanitaire (InVS), les pesticides organophosphorés sont responsables d’une mortalité élevée par intoxication, en particulier chez les ouvriers agricoles, les applicateurs de pesticides et les fabricants. Les effets aigus d’un surdosage consistent en un dysfonctionnement du système nerveux. « Les symptômes peuvent inclure la nausée, des vomissements, une faiblesse, une paralysie, une hypersalivation, un ralentissement du rythme cardiaque et des convulsions. L’empoisonnement peut être mortel par asphyxie due à la faiblesse des muscles respiratoires », explique l’InVS.
Des troubles sur le long terme
« Des recherches ont décrit des troubles respiratoires chez les ouvriers agricoles exposés à ces produits, mais cette nouvelle étude se penche sur les enfants qui vivent dans des zones agricoles où sont utilisés les pesticides organophosphorés », explique Brenda Eskenazi, auteur de l’étude et professeur d’épidémiologie en santé maternel et infantile.
Au cœur de la Vallée de Salinas en Californie – une terre agricole connue pour ses laitues -, les scientifiques ont donc suivi durant 5 ans près de 280 enfants. Ils ont collecté 5 échantillons d’urines à partir du 6ème mois des enfants jusqu’à leurs 5 ans afin de mesurer le niveau des métabolites de pesticides organophosphorés. Puis les chercheurs ont donné aux enfants un spiromètres afin d’évaluer le volume maximale d’air expiré, un indicateur de la fonction respiratoire.
« Les enfants le plus exposés aux pesticides sont ceux ayant la capacité respiratoire la plus faible, indique Rachel Raanan, la responsable des travaux. Si cette atteinte persiste à l’âge adulte, ces enfants seront plus à risque de développer des troubles respiratoirescomme la broncho pneumopathie chronique obstructive (BPCO). »
Laisser vêtements et chaussures dehors
« La BPCO devient une cause majeure de mortalité dans le monde, ajoute le Dr John Balmes, co-auteur de l’étude et professeur de santé environnementale à l’Université Berkeley. Depuis que nous savons qu’une fonction pulmonaire réduite augmente le risque de cette pathologie, il est important d’identifier et diminuer l’exposition environnementale durant l’enfance. »
Les cherchent conseillent alors de limiter l’entrée de ces produits toxiques au sein de la maison. Pour les ouvriers agricoles, ils recommandent de retirer leurs vêtements et chaussures dehors. Ils suggèrent également que les enfants doivent être éloignés le plus possible des champs au moment de l’épandage, et s’ils sont à l’intérieur, il faut fermer les fenêtres. L’exposition aux pesticides peut également être limitée en lavant et épluchant les fruits et les légumes.