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Le changement climatique menace la planète mais aussi la santé des populations. Hausse des températures et pollution atmosphérique augmenteront les risques d'épidémies, d'infections respiratoires ou encore d'allergies.
Le changement climatique menace directement la qualité de vie des personnes affectées par les pollinoses, ces allergies respiratoires causées par les pollens, comme les rhinites et l'asthme allergiques. Il entraîne en effet une augmentation de la température, de l'humidité et de la concentration en CO2 de l'atmosphère. Or, ces facteurs favorisent la croissance des plantes et donc la production de pollens. Ils prolongent aussi la période de pollinisation.
Par ailleurs, la pollution atmosphérique, aggravée par le changement climatique, affecte indirectement les pollinoses, notamment en augmentant le pouvoir allergisant des petits grains de pollen produits. « Les particules fines, par exemple, interagissent avec les pollens et rendent leur membrane externe plus perméable, ce qui a pour conséquence de libérer plus d'allergènes », explique Isabella Annesi-Maesano, directrice de recherche Inserm à l'Institut Pierre-Louis d'épidémiologie et de santé publique de Paris. La pollution à l'ozone, favorisée par l'augmentation de l'ensoleillement et des températures, contribue aussi à exacerber les symptômes des allergies respiratoires en provoquant irritations du nez et de la gorge, toux, essoufflements et gêne respiratoire.
4 fois plus d'ambroisie
De plus, le changement climatique modifie l'aire de répartition de certaines plantes invasives allergisantes comme l'ambroisie. Jusque-là cantonnée dans la région Rhône-Alpes, « la hausse des températures permettrait son implantation jusqu'au Nord de l'Europe », affirme Robert Vautard, directeur de recherche CNRS au Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement (LSCE) à Gif-sur-Yvette. Le projet Atopica, financé par la Commission européenne, s'est notamment intéressé à l'impact des modifications du climat sur la concentration en pollen de la plante en Europe1. « Elle pourrait être quatre fois plus importante en 2050 qu'actuellement », alarme le chercheur.
Simon Pierrefixe
Science&Santé, le magazine de l'Inserm
1 - L. Hamaoui-Lagel et al. Nature Climate Change, 25 mai 2015 ; 5 : 766-71 doi: 10.1038/nclimate2652