Dossier réalisé en partenariat avec Science&Santé, le magazine de l' |
Le changement climatique menace la planète mais aussi la santé des populations. Hausse des températures et pollution atmosphérique augmenteront les risques d'épidémies, d'infections respiratoires ou encore d'allergies.
Le changement climatique a un impact sur l'aire de répartition géographique des espèces, notamment des insectes comme le moustique tigre (Aedes albopictus). Or, celui-ci est un vecteur de maladies infectieuses (ré-)émergentes comme la dengue et le chikungunya, longtemps limitées aux tropiques. Mais depuis 2004, le moustique tigre s'est aussi implanté dans des zones plus tempérées, notamment dans plusieurs départements du sud de la France métropolitaine.
Plusieurs cas autochtones
Des cas autochtones, c'est-à-dire de personnes n'ayant pas voyagé dernièrement à l'étranger mais ayant tout de même contracté une de ces maladies, ont d'ailleurs récemment été signalés : six cas de dengue à Nîmes, dans le Gard en août 2015, et onze cas de chikungunya à Montpellier, dans l'Hérault en octobre 2014. Le risque d'épidémie, bien que faible, est donc théoriquement possible dans les départements infestés par ce moustique. Et avec le réchauffement climatique, le « tigre » pourrait trouver d'ici 2050 des conditions hospitalières sur la plupart du territoire français selon des travaux1 de Cyril Caminade, chercheur à l'université de Liverpool. « Seules les régions montagneuses et le nord-est de la France où les températures restent trop froides la nuit seraient épargnées », précise le chercheur. Le changement climatique favorise donc son expansion mais n'est toutefois pas responsable de son implantation, qui est liée aux activités humaines. « L'arrivée du "tigre" en Europe est due à la mondialisation des échanges commerciaux », confirme Cyril Caminade.
Paludisme en Europe
Quant au paludisme, il pourrait refaire son apparition en Europe après plusieurs décennies d'absence. La Grèce a ainsi souffert d'une réémergence de cette maladie parasitaire entre 2010 et 2013 : 66 cas autochtones ont été signalé par l'OMS. Pourtant une étude2 récente de Cyril Caminade, fondée sur des scénarios d'évolution des précipitations et de la température au XXIe siècle, indique que l'expansion du paludisme se concentrerait principalement sur les hauts plateaux africains et certaines régions d'Amérique du Sud et d'Asie du Sud-Est. Un recul de la maladie pourrait même être observé dans certaines régions devenues trop arides, comme en Afrique de l'Ouest. Toutefois, « l'incertitude concernant ces scénarios est très importante », admet le chercheur.
Simon Pierrefixe
Science&Santé, le magazine de l'Inserm
- C. Caminade et al. Journal of the Royal Society Interface, octobre 2012 ; 9 (75) : 2708-17
- C. Caminade et al. PNAS, 4 mars 2014 ; 111 (9) : 3286-91 in