Les victimes du Mediator commencent à voir le bout du tunnel. Depuis maintenant près de 5 ans, un comité d’experts placé auprès de l’Office national d’indemnisation des accidents médicaux (ONIAM) examinent les demandes soumises par les personnes s’estimant victimes de ce médicament. C’est aujourd’hui l’heure du premier bilan. Celui-ci est présenté dans le numéro de décembre des Archives des Maladies du Cœur et des Vaisseaux Pratique.
Sur les 8 787 demandes enregistrées au 31 mai 2015, la moitié des dossiers ont été examinés. Parmi eux, 3 001 ont été rejetés par les spécialistes en pathologie valvulaire tandis que 1 388 ont été reconnus imputables à cet antidiabétique largement prescrit comme coupe-faim.
Une centaine de patients opérés
Au fil des dossiers expertisés, les cardiologues et chirurgiens ont imputés au benfluorex la responsabilité d’insuffisances aortiques, mitrales ou encore tricupides et l’hypertension pulmonaire artérielle. Ils indiquent par ailleurs que 141 demandeurs d’indemnisation ont été opérés au moins une fois dont 132 ont subi un remplacement des valves cardiaques et 9 une plastie (réparation de la valve mitrale).
Pour poser le diagnostic de valvulopathie toxique, le collège d’experts s’est appuyé sur des arguments chronologique (prise préalable prouvée de Mediator durant au moins 2 mois consécutifs), des échographies et parfois des arguments chirurgicaux. Pour l’hypertension artérielle pulmonaire, le diagnostic repose sur un cathétérisme cardiaque droit (un examen d’exploration via introduction d’une sonde dans un vaisseau sanguin).
Un nombre de décès sous-estimé
Par ailleurs, l’Oniam et les experts expliquent que le nombre de décès imputés à ce médicament ne reflète pas le nombre total de personnes décédées suite à une exposition au Mediator. En effet, si dans son premier bilan, ils indiquent que le nombre de morts s’élève à 10, au 31 novembre il est de 19.
Ils soulignent également que les décès imputés au Mediator par le collège des experts concernent ceux survenus depuis 2009, année du retrait du médicament. En effet, avant cette date « les cas de décès sont généralement insuffisamment documentés, tant pour démontrer une exposition au Mediator (absence d’ordonnance) qu’une imputabilité (la toxicité du Mediator n’était alors pas connue des médecins et non recherchée) », expliquent-ils.