Des séquelles durables. Le harcèlement pendant l’enfance, qu’il soit subi ou perpétré contre autrui, est associé à des troubles psychiatriques nécessitant des traitements à l’âge adulte, selon des travaux publiés dans le JAMA Psychiatry menés sur 5000 Finlandais.
Pour établir ce constat, les auteurs ont recueilli les données d’enfants âgés de 8 ans et retracé leur historique de harcèlement, documenté par leurs parents, leurs professeurs et les enfants eux-mêmes.
Puis, ils ont analysé la santé mentale et le parcours psychiatrique de chez ces jeunes devenus adultes, à l’âge de 29 ans. Les données ont été recueillies à partir du registre national hospitalier.
Trois à cinq fois plus de troubles
Selon leurs observations, environ 90 % des participants n’ont jamais été harcelés au cours de leur enfance. Parmi ce groupe, 11,5 % ont été diagnostiqués avec un trouble psychiatrique. Par comparaison, un tiers des personnes qui ont fréquemment harcelé d’autres enfants manifestent par la suite de tels troubles, contre 55 % pour celles qui ont été harcelées et 31,2 % pour les harceleurs/harcelés.
L’exposition au harcèlement est en particulier associée à des états dépressifs à l’âge adulte, ainsi qu’à des pathologies psychiatriques graves nécessitant une prise en charge thérapeutique (suivi en centre et traitement médicamenteux).
Un lien encore mal connu
La principale limite de ces travaux, selon leurs auteurs, relève de l’absence de données sur le lien entre harcèlement et troubles psychiatriques. « Les études à venir contiendront des informations plus nuancées sur les facteurs médiateurs qui interviennent entre l’enfance des harceleurs/harcelés et les troubles observés à l’âge adulte, expliquent-ils. Quoi qu’il en soit, les législateurs et les professionnels de santé doivent être conscients de la nature complexe de ce lien lorsqu’ils mettent en place des mesures préventives contre le harcèlement ».
Une précédente étude publiée dans le Lancet a montré que les séquelles que gardent les élèves harcelés à l’école par leurs pairs seraient similaires, voire plus graves, que celles que conservent les enfants maltraités par des adultes.