La chirurgie conservatrice du cancer du sein est de loin la plus pratiquée en France. A raison, si l’on en croit deux études présentées au symposium sur le cancer du sein, qui se tient à San Antonio (Texas, Etats-Unis) du 8 au 12 décembre. L’une d’entre elles, menée sur des patientes américaines, montre que la reconstruction juste après la mastectomie augmente le risque de complications.
Utilisée avec parcimonie
Pour ces travaux, les chercheurs ont analysé les dossiers de 44 300 patientes jeunes et de 60 850 patientes âgées atteintes de tumeurs détectées à un stade précoce. Parmi les complications relevées dans les deux ans suivant leur prise en charge chirurgicale figuraient des infections locales, des hématomes, des nécroses graisseuses, des douleurs au sein ou encore des fractures des côtes.
Le fait de cumuler mastectomie et reconstruction lors de la même chirurgie double le risque d’en souffrir.
Mais en France, cette approche est utilisée avec parcimonie. « On cible beaucoup les indications d’ablation et de reconstruction mammaire immédiate, souligne le Dr Séverine Alran, chirurgien sénologue à l’Institut Curie (Paris). On est conscients du fait qu’on perd ses seins naturels et que ces chirurgies peuvent être plus compliquées. Ces indications, on les intègre dans nos arbres décisionnels. »
Aussi efficace que le traitement conservateur
Réserver la combinaison mastectomie/reconstruction aux patientes qui présentent le moins de risques est une stratégie qui paie. Par rapport aux Etats-Unis, l’Hexagone présente moins de complications. « La déployer de manière générale augmente le risque de complications, explique Séverine Alran. Une patiente qui subit une radiothérapie ou une chimiothérapie après la chirurgie aura plus de risque d’exposition de prothèse, c’est-à-dire qu’elle se désunisse. S’il y a des complications post-opératoires cela repoussera la chimiothérapie, et limitera donc l’efficacité du traitement. »
D’autant qu’une autre étude présentée au symposium conclut que la chirurgie conservatrice fait aussi bien que la mastectomie en termes de survie à 10 ans. Une cohorte de femmes néerlandaises, diagnostiquées à un stade précoce entre 2000 et 2004, a été suivie sur cette période. 76,8 % de celles qui ont suivi un traitement conservateur et une radiothérapie étaient encore en vie après une décennie, contre 59,7 % de celles qui ont bénéficié d’une mastectomie seule.
« On retrouvait ce type de résultats dans des essais plus anciens, menés dans les années 1970, analyse Séverine Alran. Ils concluaient à une survie identique à 10 et 20 ans. Ces travaux confirment ces données. »