Et si votre impulsivité était inscrite dans vos gènes ? Une étude présentée au congrès annuel du Collège américain de neuropsychopharmacologie, qui se tenait à Hollywood (Floride, Etats-Unis) du 6 au 10 décembre, suggère que certains gènes pourraient influencer la prise de décision. Pour parvenir à ces conclusions, ses auteurs ont suivi 310 jumeaux au cours de leur adolescence.
Ces adolescents ont rencontré les chercheurs à plusieurs reprises (12, 14, 16, 18, 20 ans). A chaque entretien, une question simple leur était posée : entre percevoir une certaine somme immédiatement, ou une plus élevée par voie postale mais plus tard, que préfèrent-ils ? A 12 et 14 ans, les volontaires ont eu le choix entre 7 dollars tout de suite et 10 dollars deux semaines plus tard. 35 % d’entre eux ont choisi de toucher l’argent immédiatement. Deux ans après, ils n’étaient plus que 27,5 %.
Analyse des modifications génétiques
A mesure que les enfants grandissaient, la somme a été augmentée. A partir de 16 ans, un problème hypothétique a été posée : cette fois, les jeunes devaient choisir entre 80 dollars tout de suite ou 100 dollars six mois plus tard. « Si vous laissez à quelqu’un le choix entre 95 dollars tout de suite et 100 dollars dans six mois, la plupart des gens empocheraient les 95 dollars immédiatement, explique le principal auteur, Andrey Anokhin. Mais si le choix doit se faire entre 85 dollars aujourd’hui et 100 dollars dans trois mois ? A ce stade, certains préfèreraient attendre pour gagner 15 dollars de plus. »
Et les gènes dans tout cela ? Comme les participants étaient des jumeaux, un modèle mathématique a analysé l’impact de plusieurs facteurs génétiques sur la prise de décision. Il a permis d’établir une distinction sur des personnes au profil génétique similaire.
Les récepteurs kappa-opioïdes
Les gènes seraient à prendre en compte dans 45 à 64 % de la variation des prises de décision entre deux personnes, concluent les chercheurs. Plusieurs types de gènes ont pu être identifiés. Sans surprise, les récepteurs de la sérotonine – impliqués dans les troubles de l’humeur, la dépression et la prise de substances psychoactives – sont présents. Mais les récepteurs kappa-opioïdes ont un rôle encore plus important. « Les trois principaux gènes que nous avons identifié jusqu’ici sont liés à ces récepteurs », précise Andrey Anokhin.
L’équipe va maintenant observer l’impact de ces découvertes sur la vie réelle. Les jumeaux ayant atteint l’âge de consommer de l’alcool et de fumer, leur comportement vis-à-vis de ces substances, et d’autres drogues illicites, sera scruté avec attention.