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Aux Etats-Unis

Antidépresseurs : les prescriptions explosent chez les bébés

Par Ambre Amias

De plus en plus de bébés se voient prescrire des antidépresseurs en réponse à des troubles comportementaux. Les effets secondaires sont alarmants.

SUPERSTOCK/SUPERSTOCK/SIPA

Encore dans le berceau, et déjà sous antipsychotique. C’est sous ce titre (« Still in a Crib, Yet Being Given Antipsychotics ») que le New York Times publie une enquête sur un phénomène croissant aux Etats-Unis, et tout autant alarmant : la prescription d’antidépresseurs chez des bébés qui manifestent des troubles du comportement.

Enfants de moins de deux ans

En 2014, près de 20 000 prescriptions d’antipsychotiques ont été rédigées pour des enfants de moins de deux ans, soit une hausse de 50 % par rapport à l’année précédente, selon des données d’IMS Health cité par le quotidien américain. En un an également, les prescriptions de fluoxétine (Prozac) ont augmenté de 23 %, pour atteindre les 83 000.

A l’origine de ces prescriptions : des crises de colère ou de violence, un comportement anormalement inhibé, léthargique, des manifestations dépressives. Les experts interrogés par le New York Times s’étonnent tous de l’explosion de la consommation parmi cette classe d’âge, mais ils ne jettent guère la pierre : face à ces tout petits patients, médecins et parents se retrouvent dépourvus, voire désespérés.

Aucun essai sur cette classe d’âge

Il n’empêche. Les médicaments en question n’ont jamais été étudiés sur des sujets aussi jeunes. La plupart ne doivent pas être délivrés avant l’âge de cinq ans, parfois même huit, comme le Prozac. En fait, on ignore tout des conséquences de cette consommation sur le cerveau des enfants, alors en pleine formation.

Il n’existe aucune recommandation des Sociétés savantes de pédiatrie ou de psychiatrie sur la prise en charge des bébés de moins de deux ans. Le problème, soulève encore l’auteur de l’article, réside dans le manque de main d’œuvre parmi les pédopsychiatres, qui ne sont que 8350 aux Etats-Unis.

Ces prescriptions seraient donc le fait de pédiatres qui, face à l’urgence de la situation, s’improvisent psychiatres. Elles découleraient également d’un sur-diagnostic de troubles de l’attention, conduisant à des traitements médicamenteux, alors que l’accent devrait être mis sur les thérapies comportementales.