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Deuxième avis médical : un site soulève la colère des médecins

Par Stéphany Gardier

Que peuvent bien avoir en commun un cancer de la prostate, l’asthme ou encore une polyarthrite rhumatoïde ? Ces trois pathologies font partie de la liste d’un site médical d’un nouveau genre qui suscite depuis quelques jours de nombreux commentaires de praticiens sur les réseaux sociaux. Et pour cause, le site deuxiemeavis.fr propose, comme son nom l’indique, d’obtenir l’avis en ligne d’un expert après qu’un diagnostic a été posé. Alors, nouveau pas dans la démocratie sanitaire ou faux pas déontologique ?

Vous sortez du cabinet de votre médecin, encore sous le choc. Il y a quelques minutes, après avoir examiné les résultats de la batterie d’examens que vous avez passés, il vous a annoncé son diagnostic. Et il vous a aussi proposé une prise en charge adaptée pour vous traiter dans les meilleures conditions. Oui, mais…
Comment être sûr que votre médecin est à même de vous proposer ce qu’il se fait de mieux aujourd’hui pour cette maladie ? D’ailleurs, « c’est bizarre », vous dit un ami, son cousin a eu la même chose que vous, et il n’a pas du tout reçu ce traitement. Voilà, le doute s’installe, et tous ceux à qui vous en parlez vous répondent : « Demande un deuxième avis ». Mais où le trouver, ce deuxième avis ?

 

Et c’est là que le sentiment d’inégalité surgit. Ceux qui ont la « chance » d’avoir parmi leurs connaissances des médecins vont, de fil en aiguille, sur les conseils des uns et des autres, mettre la main sur « le » spécialiste de la maladie en question, un « ponte » de sa discipline, dont le diagnostic, quel qu’il soit, sera, lui, finalement accepté sans broncher.

Mais pour les autres ? Avant, on s’en remettait souvent à son généraliste, qui pouvait donner quelques adresses de spécialistes dans la région. Ça, c’était avant. Aujourd’hui, tout le monde ou presque a le même réflexe : taper ses symptômes dans un moteur de recherche et attendre que le web apporte une réponse. Sauf qu’il en fournit des milliers, et que faire le tri s’avère une autre gageure.

 

Dans ces conditions, un site qui permet de mettre en relation patients et médecins où qu’ils soient dans l’Hexagone semble apporter un vrai plus aux malades. Le comité scientifique de deuxiemeavis.fr compte d’ailleurs parmi ses membres la vice-présidente du CISS, collectif d’associations de patients.

On peut cependant s’interroger sur la pertinence d’une consultation « en ligne », où le patient doit télécharger ses examens avant que l’expert choisi par ses soins, ou par le site, lui rende ses conclusions. Mais le point qui focalise les critiques des praticiens reste le tarif de la consultation : 295 euros, soit « 1 300 % du tarif conventionnel », relève un médecin sur Twitter. Le début d'une « médecine à trois vitesses », commente un autre. On semble d'un coup bien loin d'une quelconque avancée démocratique...