En 2015, 5,3 millions de personnes bénéficient de la couverture maladie universelle complémentaire (CMU-C) en France. Créée en 2000, cette complémentaire santé gratuite a pour ambition de jouer un rôle protecteur en permettant aux personnes disposant de faibles ressources d’accéder aux soins. Une étude publiée ce mardi par la Dress (1) montre que ce dispositif fonctionne, en partie.
En effet, d'après les auteurs des travaux, la CMU-C limite le renoncement aux soins pour raisons financières par rapport à l’absence de couverture. Ses bénéficiaires ont ainsi un risque presque deux fois plus faible de renoncer à des soins dans l’année. Le rôle protecteur de la CMU-C est particulièrement marqué pour les soins dentaires, notamment ceux qui nécessitent des prothèses.
A l'inverse, le panier de soins de la CMU-C limite les dépenses en optique. Les bénéficiaires qui ont recours aux soins d’optique dépensent en effet 66 % de moins que les personnes sans couverture (dépassements inclus).
Des besoins de soins plus élevés
Au final, les dépenses de santé des bénéficiaires de la CMU-C sont plus élevées que les autres. Des résultats à mettre bien évidemment en regard des besoins de soins de ces assurés. Ces derniers sont, il est vrai, en plus mauvaise santé que le reste de la population. À structure d’âge et de sexe équivalente, 11 % d’entre eux se déclarent en mauvaise ou très mauvaise santé. C'est près de quatre fois plus que les autres assurés, et autant que les personnes sans complémentaire santé. Un écart du même ordre était déjà observé en 2006.
Par ailleurs, les bénéficiaires de la CMU-C indiquent également être plus souvent limités dans leur vie quotidienne à cause d’un problème de santé (27 % contre 15 % des autres assurés et 21 % des personnes sans complémentaire). Différents indicateurs de la Drees confirment ce ressenti. Parmi eux, 14 % des bénéficiaires de la CMU-C souffrent d’une affection de longue durée (ALD), contre 9 % des autres assurés. Ils sont également plus touchés par certaines affections chroniques: dépression, diabète, hypertension, asthme ou obésité. « Ces différences d’état de santé influent fortement sur les écarts de dépense », conclut la Drees.
Un recours plus important aux généralistes
Les dépenses auprès des généralistes sont plus élevées de 43 % pour les bénéficiaires de la CMU-C, par rapport aux dépenses des personnes sans assurance complémentaire, alors qu’elles sont équivalentes pour les assurés ayant une autre couverture que la CMU-C. Ce résultat est conforme à d’autres travaux ayant montré que si la CMU-C ne joue pas sur la probabilité de recourir aux médecins, et qu'elle a juste un effet significatif sur le nombre de consultations de généralistes.
Pour le prouver, les bénéficiaires de la CMU-C ont des dépenses de spécialistes (consultations en ville ou à l’hôpital) comparables à celles des autres assurés complémentaires (respectivement +31 % et +32 % par rapport aux personnes sans couverture complémentaire). Enfin, « le fait que les généralistes soient les premiers prescripteurs pourrait expliquer une dépense de médicaments plus élevée des bénéficiaires de la CMU-C (+43 % par rapport aux personnes sans complémentaire, contre +27 % pour les autres assurés) », rapporte la Drees.
1) Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques