François Mitterrand et Georges Pompidou sont deux grands noms de la cinquième République. Ces anciens présidents n’appartenaient pas à la même famille politique, mais ils ont un point commun : tous deux sont décédés prématurément. Cette caractéristique est le lot de nombreux chefs d’Etat, à en croire l’édition de Noël du British Medical Journal qui rassemble des études sérieuses portant sur des sujets décalés.
Vieillit-on plus vite à la tête d’un Etat ? Les Français ont pu observer ce phénomène lors des mandats de Nicolas Sarkozy et de Barack Obama. Mais encore fallait-il l’objectiver.
Les auteurs de cette publication ont donc comparé la survie de 279 dirigeants de 17 pays – dont la France – à celle de 261 candidats qui n’ont jamais été élus… le tout entre 1722 et 2015. Rien qu’en France, les recherches se sont étendues entre 1873 et 2012 et ont porté sur 22 présidents élus et 17 candidats malheureux à la présidentielle.
2,7 années de moins
Le premier cas de rivalité politique est éloquent et révèle bien le stress auquel sont soumis les dirigeants. Lors des élections parlementaires britanniques de 1722, Sir William Wyndham, 32 ans, et Robert Walpole, 46 ans, se sont affrontés pour le même poste. Le premier est mort 31 ans plus tôt qu’il n’aurait dû, le second 11 ans trop tôt.
En fait, les dirigeants vivent en moyenne 2,7 années de moins que leurs rivaux de même âge, et leur risque de décès prématuré est accru de 23 %. Si les auteurs reconnaissent plusieurs limites à ces travaux, ils concluent que les chefs d’Etat « vieillissent effectivement plus rapidement ».
Une affirmation que peut démentir Valéry Giscard d’Estaing, ancien président de la République à la longévité célèbre. Du haut de ses 89 ans, le désormais retraité bénéficie encore de ses facultés intellectuelles. A 86 ans, l'ancien Premier ministre Edouard Balladur se distingue aussi. L'étonnante mortalité prématurée des présidents américains - souvent assassinés - a sans doute aussi tiré les chiffres vers le bas.
Les élus locaux vivent plus longtemps
Une deuxième étude, également parue dans le BMJ,conclut que les mandats moins pesants sont bénéfiques pour la longévité. Au Royaume-Uni, parmi les membres du Parlement et de la Chambre des Lords, la mortalité prématurée est plus faible de 28 % et 37 % que dans la population générale, et ce au cours des 65 dernières années. Les auteurs suggèrent que ce fossé pourrait refléter les inégalités sociales « vivaces » du pays.