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Phobie des araignées : un comprimé de bêtabloquant pour en finir

Par Audrey Vaugrente

Un comprimé permettrait-il de venir à bout des phobies ? C'est en tout cas ce que proposent des chercheurs néerlandais. Un bêtabloquant parvient à un effet quasi immédiat.

Paul Brown / Rex Featur/REX/SIPA
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Ces petites bêtes aux longues pattes, parfois velues, dégoûtent des milliers voire des millions de personnes. Cette peur est si répandue que des dizaines de films lui ont été consacrés. Vous aurez sans doute reconnu l’arachnophobie. Jusqu’ici, à part les thérapies cognitivo-comportementales, les approches traditionnelles se faisaient rares pour la prendre en charge.
Des chercheurs de l’université d’Amsterdam (Pays-Bas) proposent une technique impressionnante de simplicité dans l’édition de décembre de Biological Psychiatry : un comprimé de bêtabloquant.

Placés face à une tarentule

L’équipe s’est ici appuyée sur la notion de « reconsolidation », découverte il y a 15 ans. Elle stipule que lorsqu’un souvenir de peur est activé, il peut être renforcé ou affaibli à l’aide de médicaments. Cette théorie a été mise à l’épreuve lors d’essais sur l’animal et sur des personnes saines.

Pour mener à bien cette étude, 45 valeureux arachnophobes ont été recrutés. Le protocole a pourtant de quoi décourager : tous les volontaires ont été placés pendant deux minutes face à une tarentule – la moins ragoûtante de la famille des araignées. Un effort déjà substantiel mais qui n’est récompensé que dans la moitié des cas. En effet, un participant sur deux a reçu du propranolol, un bêtabloquant utilisé dans le traitement de l’hypertension artérielle. Les autres ont pris un placebo.

Un effet presque immédiat

Aussi étonnant que cela puisse paraître, une seule dose de 40 mg de propranolol suffit pour apaiser les symptômes de la phobie. Les volontaires qui en ont reçu présentent presque immédiatement moins de comportements d’évitement, un signe typique de la phobie. Mieux : ils ont même tendance à s’approcher des tarentules. Et l’effet est durable : un an après le traitement, les bénéfices s'observent toujours. « Le nouveau traitement relève plus de la chirurgie que de la thérapie », estime Merel Kindt, principal auteur.

L’approche est d’autant plus intéressante que les thérapies cognitivo-comportementales demandent plusieurs séances avant d’obtenir un effet. Davantage de travaux sont nécessaires pour reproduire ces résultats sur des populations plus larges, et dans d’autres phobies. Mais selon le Dr John Krystal, rédacteur en chef du journal, « cette élégante étude soulève la piste d’une stratégie qui accélèrerait la guérison des troubles anxieux ».