Un fémur vieux de 14 000 ans dévoile peu à peu ses mystères. Ce fossile retrouvé en 1989 dans une grotte à Maludong en Chine semble indiquer qu’une ancienne espèce humaine aurait survécu à la dernière ère glaciaire, il y a 10 000 ans. Cette découverte a été présentée cette semaine dans la revue PLOS ONE.
Jusqu’à présent, les scientifiques pensaient que les dernières espèces humaines primitives à avoir vécu sur le continent eurasien (Asie et Europe) étaient l’homme de Néandertal et l’hominidé de Denisova. Ces deux espèces ont disparues il y a près de 40 ans, peu après l’arrivée de l’Homo Sapiens, l’homme moderne.
« Son jeune âge suggère la possibilité que cette espèce prémoderne ait pu survivre très tard à notre évolution. Néanmoins, nous devons rester prudents car il ne s’agit que d’un seul os », explique le Pr Ji Xueping, de l’Institut du Yunnan pour les reliques culturelles et archéologiques en Chine et l’un des auteurs de l’étude.
Une nouvelle lignée humaine
D’après les analyses réalisées, le fémur ressemble à celui des espèces Homo habilis et Homo erectus qui ont vécues il y a 1,5 million d’années. Il est en effet très petit et fin. Il pèserait environ 50 kg, ce qui serait très peu pour un humain ayant vécu lors de la dernière période glacière.
Source : Darren Curnoe & Ji Xueping
Avant de pouvoir affirmer que ce fémur appartient à une espèce humaine jusque là inconnue, les archéologues devront poursuivre leurs fouilles et tests en laboratoires. Mais cette découverte relance le débat sur l’évolution de l’homme. « L’environnement unique et le climat du sud-ouest de la Chine résultant de l’élévation du plateau tibétain pourraient avoir fourni un refuge pour la diversité humaine, peut-être avec des groupes prémodernes qui y auraient survécu très tard », suppose le Pr Ji Xueping.
« Cette découverte est très excitante car elle montre que les fossiles de Maludong, même après 25 années de négligence, ont encore d’incroyables histoires à raconter. Il doit y avoir eu une grande diversité d’être humains qui ont vécu dans le sud-ouest de la Chine jusqu’à très récemment, s’enthousiasme le Pr Darren Curnoe, de l’université de Nouvelle-Galles du Sud (Australie) et coauteur de ces travaux. Le mystère autour de cette grotte est devenu encore plus ardu : qui étaient ces mystérieux habitants de l’âge de pierre ? Pourquoi ont-ils survécu si tard ? Et pourquoi seulement dans le sud-ouest tropical de la Chine ? »