La France veut abolir le diktat de la maigreur dans le monde de la mode. Pour défiler sur les podiums ou apparaître dans les magazines, les mannequins devront désormais présenter un certificat médical attestant que leur état de santé, évalué selon leur indice de masse corporelle (IMC), est compatible avec l’exercice de leur métier. Une mesure votée la semaine dernière dans le cadre du projet de loi de Santé.
C’est la première fois que la France adopte une réglementation contraignante. Les porteurs de ce texte se sont appuyés sur des initiatives menées à l’étranger.
Tour du monde des pays qui ont décidé de lutter contre l’apologie de l’extrême maigreur.
Madrid, la capitale pionnière
En Espagne, aucune législation ne vise à lutter contre la maigreur excessive dans le mode de la mode. En revanche, la capitale espagnole s’est fermement positionnée. Dès septembre 2006, Madrid interdit aux mannequins de défiler aux Pasarela Cibele, la fashion week espagnole, si leur IMC est inférieur à 18 (56 kg pour 1m75 par exemple). En France, l’amendement qui prévoyait ce seuil a été refusé.
Poussé par cette initiative, le gouvernement a passé un accord avec des grandes marques de prêt-à-porter comme Zara. Les vitrines n’exposeront plus des tailles inférieures aux 38 et les grandes tailles ne seront plus exilées au fond du magasin. Les blogs pro-ana incitant à l’anorexie et à la boulimie sont également menacés de fermeture.
A l’époque, l’Espagne fauait figure de précurseurs. Elle sera rapidement suivie par ses voisins européens.
L’Italie exclut des mannequins des podiums
En février 2007, un manifeste anti-anorexie entre en vigueur en Italie. Celui-ci interdit les défilés aux mineurs de moins de 16 ans et impose aux mannequins de présenter un certificat médical. Elles doivent prouver qu’elles ne souffrent pas de troubles alimentaires. Quelques mois plus tard, 15 mannequins jugées trop maigres (elles portaient des tailles inférieurs au 36) sont licenciées par la couturière milanaise Raffaella Curiel.
En 2014, l’Italie tente de muscler sa réglementation. Une proposition de loi proposée par plusieurs parties politiques prévoit de faire de l’apologie de l’anorexie, notamment via les sites web pro-ana, un délit. Le texte n’a jamais été voté.
Un même amendement a été proposé par le député français Olivier Véran. Mais celui-ci n’a pas été adopté par le Parlement.
En Belgique, seule la Wallonie légifère
Chez nos voisins Belges, une charte pour lutter contre l’anorexie et les troubles apparentés est lancée à l’attention des professionnels du monde des agences, et notamment de mannequins.
Mais pour 3 députés wallons, il faut aller plus loin. Ils proposent d’obliger les publicitaires à mentionner les photos retouchées pour amincir le modèle. Un texte voté à l’unanimité en novembre 2013 par le Parlement de la Wallonie.
Israël a la loi la plus contraignante
Dans le pays, les hommes et les femmes présentant un IMC inférieur à 18,5 n’ont pas le droit de défiler ou apparaître dans les médias. C’est la loi la plus contraignante qui existe à ce jour. Entrée en vigueur le 1er janvier 2013, elle oblige les recruteurs à demander une attestation d’IMC de moins de 3 mois à tous les modèles. Des poursuites sont possibles si les entreprises dérogent à la loi.
Israël a également mis en place un loi surnommée « la loi Photoshop » : si la photo est retouchée, la modification doit être mentionnée et couvrir au moins 70 % de la publicité. Un règle qui s’applique pour les médias locaux et étrangers.