En vieillissant, le mal de dos s’installe et retentit sur la qualité de vie. Pour 40 % des douleurs dorsales, le responsable est la dégradation irréversible des disques intervertébraux. Ces structures de la colonne vertébrale forment des « coussins » entre les vertèbres. Or, plus elle est sollicitée, plus les disques doivent jouer leur rôle d’amortisseur et se dégradent. Avec le temps, l’usure favorise l’apparition de douleurs.
Les chercheurs tentent ainsi de mettre au point des traitements capables de ralentir ou d'empêcher la dégradation des disques intervertébraux. Plus précisement, ils ont cherché à ralentir la dégénérescence des cellules qui composent le noyau pulpeux, la partie centrale des disques, qui est le premier touché.
Une équipe de l’Inserm s’est alors intéressée aux cellules souches du tissu adipeux. A partir de celles-ci, ils ont réussi à produire des cellules pulpeuses fonctionnelles. Une découverte publiée dans la revue Stem Cell.
Mais pour y arriver, les cellules souches doivent baigner dans une préparation bien particulière. Si un élément du milieu est manquant ou présent en trop grande quantité, la transformation en cellules pulpeuses peut échouer.
Une transformation en un mois
Alors, après avoir testé plusieurs recettes, les chercheurs ont gardé celle qui semblait être la plus efficace. Celle-ci combine deux facteurs de croissance : TGFβ et du GDF5. Ils ont ensuite prélevé du tissu adipeux chez 9 patients. En 28 jours, ils ont réussi à obtenir en laboratoire des cellules fonctionnelles de noyau pulpeux et ressemblant à celles existantes naturellement dans les disques intervertébraux.
« Le protocole s’est avéré être une réussite indépendamment de l’âge et du poids des patients » précise Jérôme Guicheux, directeur de l’unité Inserm 791 « Laboratoire d’ingénierie ostéo articulaire et dentaire » à Nantes et responsables des travaux. Nous devions néanmoins aller plus loin car ces cellules n’avaient aucune chance de survivre en étant réimplantées seules dans un disque intervertébral abimé et dépourvu de tout le substrat nutritif qui leur est nécessaire. »
Source : S Renaudin/le Design de Solène pour l’Inserm
De nouveaux tests chez les animaux
Les scientifiques ont alors imaginé un biomatériau pour recréer artificiellement un environnement favorable à leur multiplication. Pour évaluer l’efficacité de cette combinaison de cellule –biomatériau, ils l’ont implantée chez une souris. « Ce dispositif est celui qui se rapproche le plus d’une transplantation intradiscale chez l’homme. Nous avons démontré que le protocole que nous appliquons à ces cellules était suffisant pour qu’elles conservent leur activité sécrétoire spécifique et leur phénotype spécialisé une fois réinjectées in vivo », conclut le chercheur.
L’équipe envisage maintenant de tester leur thérapie régénératrice dans un nouveau modèle animal plus pertinent. Si celui-ci permet de valider son efficacité, les essais chez l’homme pourraient voir le jour.