Sur le continent latino-américain, la Colombie suit les traces de l’Uruguay. Le président du pays, Juan Manual Santos, a annoncé à la télévision la légalisation du cannabis thérapeutique.
Un décret signé de sa main précise les conditions de production et encadre la vente et l'exportation de cette plante. Concrètement, il permet l'octroi de licences pour la possession de semences de cannabis et sa culture à des fins exclusivement médicales et scientifiques.
Les personnes désirant se procurer une telle licence devront se tourner vers le Conseil National des stupéfiants (CNE) tandis que les fabricants de produits dérivés et de médicaments devront recevoir une autorisation du ministère de la Santé. Ces deux institutions auront un pouvoir de contrôle sur les cultures et sur les entrepôts où seront stockés les produits.
Un vide juridique
Une décision qui vient combler un vide juridique. Le droit colombien autorisait déjà le cannabis thérapeutique depuis une loi datant de 1986, mais aucune réglementation ne permettait son application.
Cette situation empêchait toute production et toute distribution du cannabis thérapeutique. « Jusqu'ici il n'était pas possible de permettre la production légale à grande échelle », explique-t-on au ministère de la santé, d’après l'AFP.
Dans son allocution télévisée, le président Santos a insisté sur son attachement à cette mesure, vantant les bénéfices du cannabis thérapeutique, et expliquant qu’il y voyait un moyen de se procurer des médicaments sûrs et accessibles aux personnes souffrantes.
C'est aussi, selon lui, une opportunité pour le pays de développer ses capacités de recherches médicales et scientifiques, en permettant à des chercheurs de cultiver le cannabis pour créer de nouveux traitements.
Répression ou légalisation
Au delà des implications scientifiques et médicales, cette décision s’inscrit dans un mouvement plus global qui se répand en Amérique du Sud. D’autres pays, comme le Mexique et le Chili réfléchissent à des mesures similaires.
Depuis sa réélection en 2014, Juan Manuel Santos se prononce de plus en plus contre l’approche répressive face aux drogues. Il faut dire que les trafics ont ravagé la Colombie depuis des années, et représentent la principale source de revenu de la guérilla FARC, contre laquelle le gouvernement central se bat depuis plus de cinquante ans.
La production et distribution illégale de cocaïne, en particulier, reste un fléau important dans le pays.
Alors que son gouvernement est engagé dans des négociations de paix avec les FARC, à Cuba, le président estime qu’un encadrement par la loi pourrait s’avérer plus efficace que la prohibition pour limiter les trafics de drogue. La légalisation des drogues douces serait un premier pas vers la fin des violences.