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Hôpital Georges Pompidou

Suicide d’un cardiologue à l'AP-HP : Martin Hirsch pointé du doigt

Par Anne-Laure Lebrun

Dans une lettre ouverte, un chef de service de psychiatrie estime que le directeur de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, Martin Hirsh, aura des comptes à rendre.

DURAND FLORENCE/SIPA
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Jeudi 17 décembre 2015, le Pr Jean-Louis Megnien, cardiologue à l’Hôpital européen Georges Pompidou (Paris), se défenestre du 7ème étage. Le cardiologue de 54 ans, père de 5 enfants, venait tout juste de reprendre le travail après un long arrêt maladie pour dépression.

Ces collègues, profondément choqués, avaient alerté la direction de l’hôpital ainsi que Martin Hirsch, directeur de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) « des risques suicidaires », rapportent nos confrères du Figaro. Le cardiologue faisait l’objet, selon ces accusations, de harcèlement moral de la part de sa hiérarchie.

Une direction pointée du doigt publiquement par le Pr Bernard Granger, chef de service de psychiatrie à l’Hôpital Tarnier et membre de la commission médicale d'établissement. Dans une lettre ouverte adressée à Martin Hirsch, le médecin explique avoir été « bouleversé » et juge que « la complexité d'un acte suicidaire sur le lieu de travail » ne doit pas être « un prétexte pour occulter la façon dont ce collègue a été objectivement maltraité non seulement par certains de ses pairs, mais aussi par l'administration. »


Une direction défaillante

Le signataire de cette lettre ouverte rappelle également que la direction savait dans quel état de souffrance se trouvait le Pr Megnien. Le 24 novembre 2014, un chirurgien de l'hôpital européen Georges Pompidou avait envoyé un mail d'alerte à sa direction. Celui-ci est resté sans réponse. Pire, le harcèlement aurait continué.  

Pour le Pr Bernard Granger, le patron de l’AP-HP a commis une faute morale et devra répondre des conséquences. « Ces médecins et vos subordonnés auront des comptes à rendre. Vous aussi sans doute », écrit-il. Et de poursuivre : « Le devoir du directeur général est de protéger ses personnels, et sauf à vous rendre complice de cette maltraitance, il vous appartient de prendre les décisions qui s'imposent pour préserver ceux qui se plaignent d'en être les victimes ».

Au lendemain du suicide du cardiologue, un comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail extraordinaire s'est tenu en présence de Martin Hirsch. Il avait alors annoncé la saisine de la commission d'analyse des suicides.


Une enquête est en cours

Dans un courrier adressé au personnel, le directeur de l’AP-HP a par ailleurs expliqué qu’une seconde commission serait lancée entre janvier et février. Celle-ci sera composée de 3 personnalités « extérieures à l'hôpital, pour procéder à une mise à plat des sujets conflictuels dans l'établissement, des problématiques mal résolues, de tous les éléments de contexte d'un hôpital qui a connu plusieurs crises au cours des dernières années »

En parallèle, une enquête de police est en cours. Amis et collègues du Pr Megnien ont déjà transmis une partie des mails attestant du harcèlement dont il était victime.