La maigreur des mannequins alarme les experts américains. Des chercheurs de la Harvard T.H. Chan School of Public Health signent un éditorial dans lequel ils appellent les autorités et l’industrie de la mode américaine à réglementer la profession, afin de lutter contre l’anorexie et autres troubles alimentaires courants parmi les top models.
Le modèle français
« Ne pas manger fait partie de mon métier », témoignait une mannequin dans les colonnes du magazine Vogue, rappellent les auteurs de ce texte publié dans le American Journal of Public Health. Dans les défilés et les shootings, la majorité des femmes ont un Indice de Masse Corporelle (IMC) inférieur à 16. Cela correspond à une maigreur excessive et représente un danger pour leur santé, selon les seuils fixés par l’OMS.
Les signataires appellent donc les Etats-Unis à légiférer, à l’instar de la France qui vient d’adopter des mesures contre la maigreur excessive des mannequins. De fait, la loi santé française, fraîchement votée au Parlement, soumet l’exercice du mannequinat à un certificat médical. Le médecin est désormais chargé d’évaluer « l’état de santé du mannequin, (…) notamment au regard de son indice de masse corporelle (IMC) ». Elle impose également l’inscription une mention claire sur toute photographie retouchée à usage commercial, sous peine d’une amende de 37 500 euros.
En revanche, contrairement à ce qu’écrivent les auteurs de l’éditorial, les textes français ne fixent pas d’IMC en dessous duquel l’embauche serait proscrite. Les sénateurs ont en effet modifié le projet de loi de l’Assemblée qui avait établi ce seuil à 18, jugeant qu’il serait plus pertinent d’évaluer la santé globale des mannequins. La visite donnant lieu au certificat médical a ainsi vocation à rechercher d’autres indicateurs, comme l'absence de menstruations, le comportement alimentaire ou la morphologie.
"Paris thin"
« Des mesures similaires existent en Israël, à Milan, à Madrid, mais la France pourrait être le premier pays à faire changer les choses », du fait de sa position « prédominante » dans l’industrie de la mode, estiment les scientifiques américains. Ainsi, sur les terres de la « Paris thin » (minceur parisienne), le vote de ces textes contraignants constitue un message fort.
Autre conséquence : les agences internationales auront du mal à présenter à Paris des mannequins trop maigres lors d’événements majeurs tels que la Fashion Week. Il faudra en effet s’adapter aux nouveaux critères.