Playstation, Xbox, Wii… Les consoles de jeu se sont empilées sous les sapins de Noël. Un cadeau qui pourrait avoir du bon, si l’on en croit une étude parue dans Addiction Biology. Menée en Corée du Sud, auprès de jeunes qui ont développé une dépendance, elle met en évidence des modifications structurelles dans le cerveau des gamers accros. Et elles peuvent s’avérer bénéfiques.
Plus de réactivité
200 adolescents (10-19 ans) ont subi une IRM fonctionnelle alors qu’ils ne réalisaient aucune tâche. Cela a permis de mesurer la connectivité entre les différentes zones cérébrales. Parmi les participants, 106 étaient suivis pour dépendance au jeu vidéo en ligne – une pathologie reconnue dans le DSM-5, manuel qui liste les troubles psychiatriques.
Par rapport aux jeunes qui savent raccrocher les manettes, les accros présentent une hyper-connectivité entre plusieurs aires cérébrales. C’est notamment le cas entre les zones qui régissent l’audition et la motricité, ou encore la vision et la saillance – une sorte de filtre attentionnel. Cela permet, dans le cadre du jeu vidéo, de réagir plus vite face à des ennemis qui surgissent rapidement dans le champ de vision. Mais cette adaptation du cerveau s’avère très utile dans la vie réelle. Un gamer réagira ainsi plus vite si un ballon jaillit devant sa voiture, ou s’il identifie une voix inconnue dans la même pièce.
Moins d’attention
« L’hyper-connectivité entre ces réseaux cérébraux pourrait aboutir à une plus grande capacité à diriger son attention vers des cibles et à reconnaître de nouvelles informations dans un environnement donné, explique Jeffrey Anderson, principal investigateur de ces travaux. Ces changements peuvent principalement aider quelqu’un à penser de manière plus efficace. »
Mais les modifications cérébrales n’ont pas que du bon. Les effets bénéfiques observés sont associés à d’autres moins positifs. Ainsi, les gamers dépendants présentent une coordination accrue entre le cortex préfrontal dorso-latéral et la jonction temporo-pariétale. Une altération que l’on observe chez des patients atteints de schizophrénie, de trisomie 21 ou d’autisme. Cela se traduit par un déficit d’attention et un moindre contrôle des pulsions.
A ce stade, les chercheurs n’ont pas encore déterminé si ces altérations sont la conséquence de la pratique des jeux vidéo ou si cette dernière attire davantage les personnes présentant des modifications cérébrales.
Crédit : Jeffrey Anderson