La lumière devra être faite sur les circonstances du suicide de Jean-Louis Mégnien, professeur de cardiologie à l'Hôpital Européen Georges Pompidou qui s'est défenestré le 17 décembre, sur son lieu de travail. Le parquet de Paris a ouvert ce mercredi une enquête préliminaire pour « harcèlement moral ». La veuve du professeur a elle aussi porté plainte pour le même motif, précise l'AFP.
Les enquêteurs ont une lourde mission. Il s'agira en effet pour eux de comprendre comment l'atmosphère de l'hôpital a pu nuire à la santé mentale de Jean-Louis Megnien, et si les faits dénoncés récemment dans la presse ont joué un rôle dans ce geste tragique.
Un univers "impitotable"
Depuis quelques jours, en effet, les témoignages affluent. Des confrères du Pr Mégnien décrivent un univers « impitoyable » à l'HEGP. « Tout a été fait pour le briser », déplore ainsi l'un d'entre eux, cité par le Parisien. Selon ces voix, souvent anonymes, le médecin aurait été progressivement, mais violemment, évincé de ses fonctions.
« Il a été prié de quitter le septième étage — d'où il a fini par se jeter — où il avait un bureau, ses consultations, accès à l'hôpital de jour, puis de faire avec un bout de secrétariat seulement », peut-on lire dans le quotidien. De retour de son arrêt maladie de neuf mois, le verrou de son bureau aurait même été remplacé.
"Maltraitance institutionnelle"
Dans cette affaire, la direction est sévèrement mise en cause. Une lettre à Martin Hirsch, directeur général de l'AP-HP, signée de la main de Bernard Granger, chef de psychiatrie à Cochin, rappelle l'existence de « luttes claniques de l’hôpital Pompidou », qui « constituent le terreau sur lequel se développe une maltraitance institutionnelle incarnée en premier lieu par la directrice du groupe hospitalier, qui a choisi son camp plutôt que de se situer au-dessus de la mêlée ».
Le Pr Granger dit par ailleurs être en possession « nombreux éléments » permettant de mettre en avant une forme de harcèlement moral à l'hôpital à l'encontre de Jean-Louis Mégnien, « mais pas seulement ». En effet, selon le psychiatre, « dans plusieurs autres endroits de l’AP-HP, il existe une forme de maltraitance banale, tolérée et sournoise, mais ravageuse », écrit-il encore.
Les investigations ont été confiées à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne de la PJ parisienne.