La thérapie génique offre un espoir thérapeutique aux patients atteints de la myopathie de Duchenne. Trois équipes américaines indépendantes viennent de montrer qu’il était possible de guérir, en partie, des souris souffrant de cette maladie génétique rare provoquant une dégénérescence progressive de tous les muscles.
Pour réaliser cette prouesse scientifique, ces équipes ont utilisé une technique de génie génétique révolutionnaire appelée CRISPR/Cas9. Celle-ci permet d’éliminer les parties du gène muté et les remplacer si besoin par une molécule d’ADN non mutée.
Dans leurs travaux publiés le 31 décembre 2015 dans la revue Science, ils décrivent comment ils ont pu réparer le gène défectueux DMD, responsable de la production de la protéine dystrophine, essentielle au maintien musculaire.
Car, c’est l’absence de cette molécule qui provoque la destruction des muscles. Progressivement les malades – à 99 %, des garçons car le gène se situe sur le chromosome X – ne peuvent plus marcher, n’arrivent plus à lever les bras et attraper des objets et leur cœur et muscles pulmonaires dysfonctionnent.
Espoir de guérison
Chez des souris adultes, une équipe de l’université de Duke (Durham, Caroline du Nord) a réussi à éliminer la zone mutée du gène défectueux grâce à la technique CRISPR/Cas9. Pour ce faire, ils ont utilisé un adénovirus vecteur pour que ces « ciseaux génétiques » atteignent les cellules musculaires. Les chercheurs ont supposé que ce gène raccourci serait en mesure de produire la dystrophine. Une hypothèse confirmée et validée quelques semaines plus tard. En effet, les muscles des souris malades, y compris le cœur, se sont renforcés.
Les deux autres équipes de l’université de Southwestern ainsi que de Harvard et du MIT arrivent au mêmes conclusions bien qu’ils n’aient pas utilisé le même vecteur.
Des résultats très encourageants pour cette pathologie génétique rare et bien d’autres. Car, comme le soulignent tous les chercheurs, cette technique peut être appliquée à de nombreuses pathologies génétiques.
Des essais cliniques lointains
Néanmoins, les scientifiques rappellent que ce sont des résultats préliminaires et qu'ils sont loin de lancer des essais chez l’homme. « Il reste une quantité significative de travail avant de transférer cette stratégie chez l’homme, relève le Pr Charles Gersbach, chercheur à l'université Duke et responsable d'une des trois études. Mais ces premiers résultats sont très excitants. A partir de là, nous allons optimiser le système, étudier cette approche chez d’autres modèles animaux atteints de la myopathie de Duchenne, et évaluer son efficacité et innocuité chez des animaux plus grands (comme les primates, ndlr) dans une finalité d’essais cliniques ».