Au cours des dernières décennies, les techniques de l’assistance médicale à la procréation (AMP) n’ont cessé de s’améliorer. Stimulation ovarienne, insémination artificielle, fécondation in vitro (FIV), transfert d’embryons congelés. Ces différentes techniques sont utilisées chaque jour par des centaines de centres spécialisés et permettent à des milliers de couples confrontés à l’infertilité d’avoir un enfant. En France, en 2013, 23 651 enfants sont nés grâce à l’AMP, selon l’Agence de la Biomédecine.
Pourtant, la littérature scientifique offre peu d’informations sur le devenir de ces enfants, en particulier les effets éventuels des traitements de l’infertilité sur leur développement. C’est pourquoi des chercheurs américains se sont penchés sur cette question. Ils publient leurs résultats ce lundi dans la revue JAMA Pediatrics.
Aucune différence entre les enfants
Entre 2008 et 2014, l’équipe dirigée par le Dr Edwina Yeung (1) a suivi 1 800 enfants nés grâce à l’AMP et 4 000 enfants conçus naturellement. Jusqu’à leur 3 ans, les parents ont été invités à remplir des questionnaires portant sur le développement moteur, la capacité de communication, l’aptitude à résoudre des problèmes ainsi que le fonctionnement social de leur enfant. En parallèle, les mères devaient préciser le traitement auquel elles ont eu recours.
Au terme de cette étude, les chercheurs n’ont observé aucune différence significative entre les enfants issus d’une AMP et les autres. Par ailleurs, parmi les enfants présentant un retard de développement à l’âge de 3 ou 4 ans, autant ont été conçus naturellement (18 %) et par AMP (13 %), ce qui suggère que ce déficit n’est pas associé au traitement de l’infertilité.
Enfin, les scientifiques n’ont trouvé aucune différence significative entre les différentes techniques de procréation médicale assisté. Autrement dit, les enfants nés grâce à une insémination artificielle n’ont pas plus de risques que ceux issus d’une FIV.
« A ma connaissance, aucune étude n’a mis en évidence de différence sur le plan psychique et psychomoteur entre les enfants nés grâce à une AMP et les autres, indique le Pr Jean-François Guérin, responsable du Centre d’Etude et de Conservation des Œufs et du Sperme (CECOS) de Lyon. Ces résultats sont rassurants et confirment tous les travaux conduits jusqu’à présent ».
Un risque accru d'autisme non écarté
Néanmoins, une étude précédente menée par les mêmes auteurs indique que les enfants nés d’une fécondation in vitro avec micro-injection (FIV-ICSI), la plus pratiquée aujourd’hui, ont un risque accru d’autisme dans les 5 premières années de vie. Aussi, les scientifiques ont décidé de poursuivre leur étude jusqu’au 8ème anniversaire des enfants. « Ceci nous permettra d’analyser de manière plus complète leur développement et noter l’apparition de troubles qui ne se manifestent que plus tard », concluent les auteurs.
* Eunice Kennedy Shriver National Institute of Child Health ans Human Development.