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Etude de l'Inserm

La notion du temps s'acquiert entre 6 et 8 ans

Par Julian Prial

L'usage correct des principales unités temporelles s'acquiert essentiellement ente 6 et 8 ans.  C'est ce que révèle une étude menée sur 105 petits français de 6 à 11 ans.  

CHAMUSSY/SIPA

Quand et comment nos enfants acquièrent-ils les unités temporelles familières que sont les secondes, minutes, heures, jours, mois, saisons, années ? C'est ce qu'a cherché à découvrir une équipe de chercheurs de l'Inserm (1). Ces scientifiques ont sollicité 57 filles et 48 garçons de 6 à 11 ans scolarisés en région parisienne.
Durant leur expérience, ces jeunes volontaires ont d'abord été soumis à un questionnaire. Son objectif était d'évaluer leur « connaissance du temps », c'est-à-dire leur capacité à se représenter et à utiliser correctement les principales unités temporelles.

Plusieurs exercices proposés aux enfants

Précisément, les enfants devaient, par exemple, évaluer les durées séparant quatre stades de la vie d'une personne représentée en images : bébé, puis enfant, adulte et enfin vieillard.
Ils devaient également indiquer l'heure affichée par les aiguilles de cinq montres identiques dessinées sur une feuille de papier. Enfin, on leur a demandé de préciser le temps les séparant de leur précédent et de leur prochain anniversaire... ou encore d'estimer la durée de l'entretien passé avec les chercheurs.

Le second grand objectif de ces travaux était de déterminer le lien entre leur connaissance du temps et différentes compétences numériques. C'est pourquoi les enfants ont fini l'essai avec une batterie de tests visant à évaluer leur capacité à manier les nombres.

Quatre grandes compétences numériques

« Le principal enseignement est que cette connaissance du temps s'acquiert principalement entre 6 et 8 ans, et est intimement liée aux compétences numériques de l'enfant », indique dans un communiqué de l'Inserm, Georges Dellatolas, spécialiste en neuropsychologie de l'enfant et co-auteur de l'étude.
Le chercheur a découvert seulement quatre facteurs qui contribuent à hauteur de 75 % dans l'acquisition des grandes unités de temps. Joue premièrement la connaissance « académique »  des nombres, c'est-à-dire la capacité à les lire, les écrire et à calculer. Deuxième facteur, « essentiel », selon l'équipe, l’aptitude à « faire correspondre un nombre à une distance », autrement dit à positionner un nombre sur une échelle.

La troisième compétence mobilisée est la « mémoire de travail », à court terme. Elle est indispensable pour comparer des nombres présentés à l'oral. Enfin, le quatrième et dernier grand facteur impliqué est la capacité à remettre un nombre dans un contexte, les experts parlent d' « estimation contextuelle ».
Georges Dellatolas explique que « très concrètement, l'enfant est par exemple capable de dire que "dix", c'est beaucoup si l'on parle du nombre d'enfants dans une famille... et peu s'il s'agit du nombre de feuilles sur un arbre ».

Identifier les facteurs expliquant les difficultés

L'équipe de l'Inserm souhaiterait maintenant reproduire l'étude sur un plus grand nombre d'enfants par classes d'âge. Pour le moment, elle est déjà en train de renouveler l'expérience sur des enfants souffrant de pathologies sources de difficultés dans le traitement des informations temporelles (dyslexie, certaines tumeurs du cerveau…).
Le but, identifier précisément les facteurs expliquant ces difficultés, avec comme objectif ultime « l’amélioration de la prise en charge de ces enfants, via la mise au point de méthodes d'acquisition des unités temporelles mieux adaptées », conclut le communiqué.

(1) Unité 1178 Inserm/université Paris-Sud/université Paris Descartes