L'hygiène de vie compte au moment de la conception, mais elle n'est pas la seule à être importante. Les bonnes habitudes du géniteur façonnent aussi la santé du bébé à venir. Deux études, menées sur des souris, livrent des conclusions similaires dans le prestigieux journal Science.
La première publication s’est intéressée à l’impact d’un régime riche en graisses sur la qualité du sperme. Pour cela, deux groupes de souris ont été recrutés. L’un a suivi une alimentation normale. L’autre a consommé plus de lipides qu’à l’accoutumée. Comme prévu, les spécimens de ce groupe ont pris du poids, présenté une intolérance au glucose et une résistance à l’insuline. Les chercheurs ont ensuite fertilisé des ovules de souris à partir du sperme des animaux.
Moins bonne tolérance du glucose
Les souriceaux issus de cette expérience n’ont pas présenté dans différence de poids à 16 semaines. Mais dès 7 semaines, ceux nés de pères nourris avec beaucoup de lipides ont développé une moins bonne tolérance au glucose et une résistance à l’insuline. Ces deux facteurs se sont aggravés à 15 semaines.
Mais quel est le rôle du père dans ces inégalités ? Afin de le déterminer, l’ARN du sperme paternel a été prélevé, purifié et injecté à des zygotes normaux – c’est-à-dire des cellules issues de la fusion de deux gamètes. Là encore, les chercheurs ont observé une glycémie et un taux d’insuline plus élevés lorsque l’ARN provenait des souris mâles nourries avec force graisse.
Effets sur le sperme mature
Cela suggère que l’acide ribonucléique contient des informations qui induisent une intolérance au glucose, mais pas de résistance à l’insuline. Chez les souriceaux, cela se traduit par une moindre expression des gènes impliqués dans la transformation biochimique des glucides, des monosaccharides et des cétones (composé organique de la famille des composés carbonylés).
La seconde publication parvient aux mêmes conclusions avec un régime différent : cette fois, l’équipe a soumis un groupe de souris à un régime pauvre en protéines et en a observé l’impact. Si l’effet ne se produit pas sur le sperme immature récupéré dans les testicules, il est bien présent dans l’ARN du sperme mature de l’épididyme. A cet endroit, les chercheurs ont trouvé des fragments capables de supprimer plusieurs gènes, dont un qui contribue à la plasticité des cellules souches embryonnaires chez la souris. Toutes ces altérations peuvent donc favoriser la survenue de troubles métaboliques chez les souriceaux.