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Les caresses de l’esprit

Que faire de ses fantasmes ?

Par Rica Etienne

Les fantasmes autorisent tout ce qui dans la réalité paraît impensable. La transgression imaginaire stimule la sexualité. Mais jusqu’où peut-on aller ?  

SUPERSTOCK/SIPA

Par définition, les fantasmes ne sont pas faits pour être réalisés, ils appartiennent au domaine de l’esprit. Aucun fantasme n’est interdit ni répréhensible quel qu’il soit, c’est une affaire entre soi et soi, personne n’a à émettre de jugement là-dessus, tous les psys vous le diront. Pour le sexologue Gérard Leleu, auteur du Traité du désir (Flammarion) , « ce sont de puissants amplificateurs du désir, et par conséquent du plaisir ; sous leur impulsion, l’excitation et la volupté passent à la vitesse supérieure ».

Les fantasmes comme les rêves érotiques

Ils permettent d’explorer tous les possibles, voyeurisme, exhibitionnisme, échangisme, relations homosexuelles, domination, soumission, possession… leur étendue est sans limite. A peu de frais, et sans le moindre risque, puisque non réels, ils accomplissent ce pourquoi ils sont faits : échapper au réel ou à la routine et revivifier la relation sexuelle. « En satisfaisant nos désirs, ils nous soulagent de l’angoisse liée au refoulement ; en économisant la réalité, ils nous libèrent de la peur du passage à l’acte, affirme le sexologue ».

 

Possession pour les hommes

Les hommes ont un sexe externe qui se voit et dont les dérobades sont tout aussi visibles. Ils rêvent donc souvent de puissance et de performances vertigineuses : la femme qui n’en peut plus de désir et de plaisir, la domination, la multiplication des partenaires, le harem… Ils se voient bien aussi faire l’amour dans les situations les plus insolites ( dans la nature, dans une cabine d’essayage, dans l’ascenseur…). Enfin, ils aiment entendre les fantasmes de leur partenaire qui stimulent leurs propres rêveries.

 

Soumission pour les femmes

Les femmes, elles, ont un sexe interne et caché, leurs fantasmes sont le plus souvent tournés vers l’accueil et la soumission, voire, dans des beaucoup plus rares, le viol. Elisa Brune, auteur de nombreux essais sur le sexe, explique dans Labo sexo qui vient de paraître aux éditions Odile Jacob : « Il est bon de rappeler qu’un fantasme n’est pas un désir de réaliser la chose fantasmée. Ici, c’est presque le contraire, puisque dans le désir de viol, ou de violence, c’est la femme qui est aux commandes, qui règle le scénario au petit poil, chaque mot, chaque geste étant dosé selon son bon plaisir. C’est donc le contraire exact d’un viol ».

 

Culpabilité et histoire

Peut-être faut-il voir aussi dans le fantasme de viol le fruit d’une longue histoire. Dans l’imaginaire masculin archaïque, la femme est considérée comme un trophée qu’il possède et domine. Alors que dans l’imaginaire féminin, le plaisir et le désir liés à cette possession s’accompagnent de culpabilité. Les filles n’étant pas élevées comme les garçons, la morale, l’ éducation et la religion sont à l’oeuvre.
Alors face au plaisir ressenti pendant l’amour, la femme aime à imaginer qu’elle est en fait soumise par l’homme. Puisqu’il l’agresse et la force, elle n’est pas coupable !
« Dans la plupart des fantasmes féminins, la femme est passive, admet Gérard Leleu ; ce n’est que contrainte et forcée qu’elle se livre à des manœuvres scandaleuses : postures impudiques, exhibitions, viols, tortures. Ce n’est pas par masochisme que les femmes se mettent en situation de victime, c’est pour sauvegarder une forme de pudeur ». Dans le mythe du Prince charmant, la femme aussi est passive…

 

Avouer ses fantasmes voire les réaliser

Certains fantasmes sont à partager en couple dans le feu de l’action, ils revivifient le couple, parfois même évitent d’ailler conter fleurette ailleurs. D’autres fantasmes, en revanche, sont à conserver dans son un jardin secret. Toute chose n’est pas bonne à dire et encore moins à mettre en acte. Il faut se montrer prudent en la matière, prévient le sexothérapeute Alain Héril (auteur de « Coaching méditatif pour développer sa libido » (édition Bussière) : « le fantasme magnifie et sublime la réalité de l’expérience, c’est en quelque sorte une image d’Epinal, un film parfait (surtout s’il est repassé maintes et maintes fois) où presque chaque détail est érotique, alors que sa réalisation s’avère forcément beaucoup plus crue, ce qui peut se révéler non seulement décevant, mais parfois beaucoup plus douloureux qu’on ne l’aurait pensé et souhaité ».