La lutte contre l’obésité passe par celle contre le sucre. En réduisant la quantité de glucides dans les sodas, jus de fruits et autres boissons sucrées, le nombre de personnes présentant un surpoids devrait reculer. C’est ce qu’établissent quatre chercheurs britanniques et chinois dans le Lancet Diabetes & Endocrinology. Avant de parvenir à cette conclusion, ils ont réalisé une modélisation de l’impact d’une mesure a priori simple : réduire graduellement de 40 % la quantité de sucres libres dans ces liquides sur une période de cinq ans.
Les molécules ciblées par les auteurs sont de trois ordres : les monosaccharides, les disaccharides et les sucres naturellement présents dans le miel, les sirops et les jus de fruits. En s’y attaquant, ils partent d’un constat simple : au cours des dix dernières années, la courbe du surpoids et de l’obésité a grimpé en flèche… presque au même rythme que celle de la consommation de boissons sucrées.
Evolution de l’obésité et de la consommation de boissons sucrées (2005-2013)
Source : The Lancet Diabetes & Endocrinology
500 000 surpoids évités
Réduire l’apport en sucre de 40 % dans les sodas et jus de fruits permettrait de lutter en partie contre le surpoids des Britanniques. L’IMC de la population devrait baisser de 1,5 %. Une réduction a priori minime, mais son impact sur la santé est bien réel.
Sur une durée de 5 ans, cette mesure se traduit par 38,4 calories consommées en moins chaque jour et 1,20 kg de moins sur la balance, pour les adultes. 500 000 cas de surpoids et 1 million de cas d’obésité seraient donc évités grâce à cette mesure. S’y ajoute un effet indirect : 300 000 cas de diabète de type 2 pourraient être évités.
Les populations jeunes et à faible revenu – qui consomment le plus de boissons sucrées – sont celles qui tireraient le plus de bénéfices par une telle réduction des glucides, même en excluant les jus de fruits.
Peu d’impact sur le goût
Les becs sucrés peuvent se rassurer : moins sucrer sodas et jus de fruits ne devrait pas affecter leur goût. En effet, les chercheurs ont bien réfléchi avant de proposer leur modèle. Ils suggèrent d’opérer cette mesure graduellement sur 5 ans pour une raison très précise : chez l’être humain, le goût du sucre peut s’adapter à de légères modifications. « Il est peu probable que la stratégie que nous proposons influence les choix du consommateurs », estiment-ils.
Les conséquences pour l’industrie sont également minimes : non seulement les particuliers ne devraient pas « compenser » par d’autres sources sucrées, mais en plus la méthode n’entraîne pas de surcoût. D’ailleurs, certains supermarchés britanniques ont déjà accepté de jouer le jeu. Mais pour parvenir à cet objectif, rappellent les chercheurs, encore faut-il définir un seuil unique. Car de fortes disparités existent entre les différents produits.
D’autres mesures sont aussi nécessaires en complément, souligne le Dr Tim Lobstein en commentaire de cette étude. Il suggère notamment de taxer les boissons sucrées. Une mesure efficace puisqu’une taxe de 10 % réduirait de 13 % leur consommation.