En cette fin de saison des pluies, c’est une véritable psychose qui gagne le Brésil. Le pays fait face depuis décembre dernier à un prédateur long de 5 millimètres, mais particulièrement redoutable. Ce moustique, Aedes aegypti, déjà bien connu pour transmettre la dengue et le chikungunya, a plongé le pays en état d’urgence sanitaire en ajoutant le virus Zika dans sa panoplie monstrueuse (1).
Par une piqûre sur les femmes enceintes, il peut provoquer une malformation fœtale, la microcéphalie. « Les nourrissons naissent avec un périmètre crânien inférieur à 33 centimètres et un retard mental irréversible, lorsqu’ils parviennent à survivre », explique Le Monde.
Alors pour combattre l’ennemi, les futures mamans s’équipent d’une bombe anti-moustique. Comme Luciana Almeida, cette femme de 36 ans qui attend des jumeaux, et dont Claire Gatinois, la correspondante du Monde, raconte les angoisses. Luciana sait que la période la plus critique se situe dans le premier trimestre de grossesse et que la maladie peut se développer sans aucun symptôme d’alerte.
Et le dernier bulletin du ministère de la Santé n'est pas de nature à la rassurer. Il recense 3 174 cas suspects en un mois contre 150 par an, dans le passé. Jusque-là localisé dans les états du Nord-Est, le virus Zika a gagné 684 villes et menace des mégapoles. Six cas déjà détectés à Sao Paulo, 118 dans l’état de Rio de Janeiro où doivent se tenir en août prochain les Jeux Olympiques.
« D’ici quatre à cinq ans, le Brésil pourrait subir 100 000 cas de microcéphalie », estime un expert interrogé par le quotidien.
Dans cette course féroce, le pays manque de moyens. La crise économique, la concentration des habitants dans les grandes villes, les conditions d’évacuation des eaux souvent douteuses font craindre un désastre aux spécialistes.
Les autres pays ne sont pas à l’abri, rappelle la journaliste. « La Colombie, le Guatemala, la Guyane française, Porto Rico, le Honduras… Au total, une douzaine de pays ou territoires sont touchés depuis 2015 ».
Un expert va encore plus loin : « Tous les pays qui ont souffert d’épidémie de dengue ont eu, ou auront une épidémie de Zika ». Sylvain Aldighieri, de l’Organisation panaméricaine de la santé, fait un calcul simple : « Le virus est transmissible pendant cinq jours et on peut désormais faire 20 000 kilomètres en moins de vingt-quatre heures. »
(1) Chez l’adulte, mais de manière plus rare, l’insecte peut être à l’origine du syndrome de Guillain-Barré, une maladie qui peut engendrer des paralysies.