Au Moyen âge, l’homme avait trois choses à dominer, son cheval, sa femme et son érection. Aujourd’hui, il ne reste plus que l’érection ! Et quand celle-ci se dérobe, c’est un doute abyssal qui s’installe. La plupart des hommes, 93 % exactement, considèrent leur érection comme fondamentale pour se sentir viril. Leur identité se loge là !
Ce n’est pas moi qui l’affirme mais une étude (1) « Regards croisés sur la masculinité », réalisée en 2012. Symbole ancestral de la puissance sexuelle, l’érection est considérée comme nécessaire pour faire l’amour par 95 % des interviewés, ce qui n’est pas forcément vrai, mais c’est une autre histoire.
On peut très bien avoir une relation sexuelle aboutie sans pénétration (86 % des femmes sont clitoridiennes et le point G est à 3 cm seulement de l’entrée du vagin). On peut même faire des enfants sans pénétration.
Que se passe-t-il dans la tête d’un homme qui voit mourir ses premières érections ? C’est « l’empire romain » qui s’effondre, selon l’expression chère à Romain Gary. Perte de confiance, dévalorisation, identité masculine bafouée. L’écrivain en parle magnifiquement dans son roman Au-delà de cette limite votre ticket n’est plus valable : « vous n’osez pas vous y risquer parce que vous savez que vous allez ployer, c’est pas assez dur, vous n’allez pas réussir à vous frayer le chemin, et vous débandez complètement à cause de l’anxiété et du désespoir, et vous vous trouvez alors, ou bien avec une maman qui vous console et vous caresse le front et vous dit: “Ça ne fait rien, tu es fatigué”, ou “Mon pauvre chéri”, ou bien avec une salope qui essaie de ne pas se marrer parce que le grand Jim Dooley, il ne peut plus bander, il ne vaut plus rien, il n’y a personne ».
Que se passe-t-il dans la tête d’une femme confrontée à une panne ? L’érection est pour elle la preuve tangible qu’elle plait à son partenaire et qu’il a pour elle du désir, la preuve encore de l’équilibre sexuel du couple. Du coup, quand l’érection disparaît, beaucoup de femmes se sentent, elles aussi, remises en question. Elles ignorent cette réalité physiologique : un homme peut parfaitement désirer sans érection.
Beaucoup de femmes vont minimiser le problème « ça peut arriver », un peu comme elles diraient « un orgasme de perdu, dix de retrouvés ». L’indifférence n’est pas meilleure et l’humour en cette situation est très mal vécu, il peut être interprété comme une forme de moquerie ou d’humiliation.
Certaines femmes ( les plus jeunes surtout ) ne se gênent pas pour montrer leur déception voire leur colère, au risque de générer la panique chez leur amant « j’ai peur de ne pas y arriver, donc je n’arrive plus à bander ».
Première chose à savoir pour toutes : plus l’homme avance en âge, plus il a besoin de stimulation. Ce qui marchait avant 40 ans, un coït direct et sans caresses peut ne plus être efficace après. Il faut donc se mettre un peu au boulot, les filles ! Si la panne persiste, on peut faire plaisir à son partenaire et diminuer sa pression en prenant… son propre plaisir.
Il faut aussi le revaloriser, il ne se réduit pas à une simple érection, il est bien plus que cela… On peut en parler à deux, pas forcément à chaud, mais après, en trouvant les bons mots, en exprimant ses émotions, sans reproches, en s’appuyant sur un constat : « j’aime faire l’amour avec toi, que puis je faire pour t’aider ? ».
Si la panne se répète souvent et dure plus de trois mois, le problème peut être plus sérieux, une consultation peut s’avérer utile, ne serait-ce que pour tenter des produits sexo-actifs, uniquement prescrits sur ordonnance. Une astuce peut aider pour l’inciter à consulter : lui proposer d’effectuer un bilan de santé plutôt qu’un bilan sexuel, il se sentira moins remis en question.
Quand on est un homme, face à une panne, on a les mêmes angoisses qu’une femme, mais dans un « espace-temps décalé » affirme l’andrologue Pierre Costa : « si je n’assure plus, vais-je encore lui plaire et la séduire, va-t-elle encore m’aimer ? ».
Un homme sur trois après 40 ans déclare avoir eu un trouble de l’érection ( passager ou persistant), il faut donc relativiser. Les pannes surviennent plus facilement dans les périodes de doute et de remise en question. En l’occurrence, si on ne répond plus aux stimulations de sa partenaire, une chose peut rassurer efficacement sur le coup : son plaisir à elle !
Malgré la défaillance du pénis, il est possible d’insister sur les préliminaires, les caresses et le sexe oral. Il faut sortir du « tout ou rien », se concentrer sur la complicité, le plaisir d’être ensemble, la connivence et la confiance. Commencer par l’autre, c’est souvent une manière de s’occuper de soi, la pression diminue et…miracle, la situation peut se débloquer. Beaucoup de femmes parviennent à l’orgasme grâce au cunnilingus, la masturbation ou un sex-toys. Il est important de discuter en couple et de ne pas se dérober, l’amour se fait à deux, et les problèmes d’amour se règlent à deux.
Autrefois on soignait l’impuissance à coup de poivre et d’orties, la panoplie est plus large désormais, elle va des produits vendus dans les sex-shop, à base de plantes qui génèrent de la chaleur (inefficaces en l’occurrence) aux bons vieux Viagra, Cialis et Levitra, nettement plus performants. Comme le dit la sexologue Catherine Solano : « Les produits sexo-actifs, c’est aussi de la psychothérapie en comprimé ».
(1) Etude réalisée par Ifop pour Lilly sur un échantillon de 1300 personnes.
Le coup de mou, un coup dur...
Posté par Pourquoidocteur sur samedi 30 janvier 2016