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Epidémie au Brésil

Zika : l'Institut Pasteur séquence le génome du virus

Par Anne-Laure Lebrun

Une équipe de chercheurs de l'Institut Pasteur a séquencé intégralement le génome du virus Zika, responsable de la plus importante épidémie jamais décrite au Brésil.

Demiroz Sadik/SUPERSTOCK/SIPA

Depuis plusieurs mois, le virus Zika fait trembler l’Amérique du Sud, et en particulier le Brésil. Véhiculé par le moustique Aedes aegypti – qui transmet également la dengue et le chikungunya- et le moustique tigre, Aedes albopictus, ce virus provoque une malformation neurologique congénitale, la microcéphalie.

Pour s’en protéger, les femmes enceintes s’équipent de bombes anti-moustiques et moustiquaires. Les chercheurs aussi se mobilisent et tentent de mieux comprendre ce virus.

Et un pas important vient d’être franchi par l’Institut Pasteur de la Guyane : le génome du virus Zika a été intégralement séquencé à partir de cas autochtones au Surinam. L’analyse montre qu’il s’agit d’une lignée asiatique présentant plus de 99 % d’homologie avec la souche responsable de l’épidémie en Polynésie française en 2013. Ils publient leur découverte dans la revue The Lancet.

« Jusqu’ici peu de séquences intégrales de ce virus et aucune de la souche circulant actuellement en Amérique du Sud et en Amérique Centrale n’étaient disponibles, indique Dominique Rousset, responsable du laboratoire de virologie et du Centre national de référence des Arbovirus à l’Institut Pasteur de la Guyane. L’obtention de la séquence complète du virus est un point de départ important pour mieux comprendre l’évolution de son comportement. »


Risque réel en France

Jusqu’à très récemment, l’infection par ce virus était considérée comme bénigne. Mais l’épidémie en Polynésie française et dans le Pacifique s’est accompagnée d’une augmentation des complications neurologiques sévères ainsi que des malformations neurologiques congénitales.

Aujourd’hui, le Brésil subit la plus importante épidémie jamais décrite, avec 440 000 à 1 300 000 cas suspects rapportés par les autorités de santé brésiliennes. Et après la découverte de milliers de cas de microcéphalie, l’état d’urgence national a été décrété en décembre 2015.

« Ces anomalies sont-elles dues uniquement au virus Zika, ou à la circulation conjointe d’autres agents infectieux ou à d’autres facteurs ? Des projets de recherche multidisciplinaires doivent être mis en place pour tenter de répondre à ces interrogations. D’ores et déjà, nous nous appliquons à mieux connaitre ce virus et comprendre son évolution, ce qui passe notamment par le renforcement des outils de diagnostic », explique Dominique Rousset.

Par ailleurs, cette analyse du génome permettrait également de mieux estimer le risque d’introduction du virus Zika en France. De fait, avec plus de 2 millions et demi de passagers aériens entre la France et les départements français d’Amérique, le risque est réel.