L'OMS compte désormais sur le laboratoire sud-coréen EU biologics pour lui fournir jusqu'à 3 millions de doses de vaccins contre le choléra. Jusqu'à présent, seul le laboratoire indien Shantha Biotechnics a alimenté les stocks de l'institution, en produisant également trois millions de doses, juste suffisantes pour protéger 1,5 million de personnes avec les deux doses nécessaires.
En 2015, la plus grande partie des vaccins distribués par l'OMS « ont été utilisés lors des grandes crises humanitaires », explique Stephen Martin, expert de l'OMS sur les vaccins contre cette pathologie. En Irak notamment, où plus de 2.800 cas ont été détectés, ainsi qu'à travers les camps de réfugiés syriens et irakiens. Une nouvelle campagne de vaccination doit également débuter en Haïti dans les prochains jours, avec l'objectif d'immuniser 240.000 personnes.
« Ce producteur supplémentaire va nous permettre d'aller plus loin, et peut-être même de lancer des campagnes de vaccination dans les régions où la maladie est endémique », se félicite Stephen Martin, en rappelant que la faiblesse des stocks en 2015 a empêché l'OMS de fournir plusieurs pays, dont le Soudan et Haïti. La lutte contre le choléra, qui touche jusqu'à 4,3 millions par an, avec pas moins de 142.000 décès, souffre en effet d'une pénurie récurrente de vaccin, face à une production faible, un coût élevé et un accès inéquitable au vaccin.
Un cercle vertueux
« La création d'un stock doit participer à l'inversion de ce cercle vicieux. En augmentant la demande, la production augmente, le coût unitaire du vaccin baisse et son accès devient plus équitable à travers sa distribution », explique Stephen Martin. L'arrivée d'un nouveau producteur va ainsi permettre de réduire le coût par dose de 1,80 dollar à 1,45 dollar. « Et nous avons bon espoir d'attirer d'autres laboratoires sur le marché et de faire encore baisser le prix ».
En attendant, l'OMS pourrait également revoir ses méthodes de vaccination. Des épidémiologistes de la Bloomberg School of Public Health ont en effet récemment démontré à l'aide d'un modèle mathématique l'efficacité d'un schéma de vaccin à une dose pour lutter contre les grandes épidémies de choléra. Selon eux, le choix de vacciner le plus de monde possible dans un temps limité aurait pu éviter de nombreux drames sanitaires par le passé, par exemple en Haïti lors du séisme de 2010, au Zimbabwe en 2008-2009, ou encore en Guinée en 2013.