Depuis le printemps 2015, le virus Zika fait trembler l’Amérique du Sud et les Caraïbes. Dans cette région du monde, les signalements se multiplient aussi vite que la propagation du virus par les moustiques.
En moins d’un mois, 12 cas ont été confirmés en Martinique et 150 cas suspects ont été vus en consultation. En Guyane, 17 personnes ont également été infectées.
Mais c’est au Brésil que le virus Zika fait le plus de ravages. En 9 mois, entre 440 000 à 1 300 000 cas suspects ont été rapportés par les autorités de santé brésiliennes. Et alors que l’on pensait que l’infection par ce virus était bénigne, plus de 3 000 nouveau-nés infectés lors de la grossesse souffrent de microcéphalie contre 150 les années précédentes. Les nourrissons naissent avec un périmètre crânien inférieur à 33 centimètres et un retard mental irréversible.
Une situation inédite qui a contraint le pays à déclarer l’état d’urgence sanitaire en décembre 2015. Depui, les femmes brésiliennes vivent dans l’angoisse d’être piquées par un moustique et d’infecter leur enfant.
Un lien incertain
Au vu de la situation brésilienne, la Polynésie française a de nouveau analysé les registres de santé de 2013-2014, année de l’épidémie. Les autorités ont alors retrouvé une augmentation de microcéphalies passée inaperçue à l’époque.
En outre, les autorités brésiliennes ont retrouvé le virus chez un bébé décédé atteint de cette malformation et dans le liquide amniotique de plusieurs femmes enceintes. Pour autant, le lien entre Zika et la microcéphalie est incertain.
« Ces anomalies sont-elles dues uniquement au virus Zika, ou à la circulation conjointe d’autres agents infectieux ou à d’autres facteurs ? Des projets de recherche multidisciplinaires doivent être mis en place pour tenter de répondre à ces interrogations », a expliqué Dominique Rousset, responsable du laboratoire de virologie et du Centre national de référence des Arbovirus à l’Institut Pasteur de la Guyane lors de la publication ce vendredi dela séquence génétique complète de cette souche virale.
De fait, le virus Zika est transmis par les moustiques Aedes aegypti, originaire d’Afrique. L’Aedes albopictus, le moustique tigre, pourrait également être un vecteur du virus Zika, comme il l’est déjà pour la dengue et le chikungunya. Les malformations pourraient donc être provoquées par ces agents infectieux.
Aussi, pour mieux comprendre cette infection et connaître ce virus, une équipe de 4 chercheurs de l’Institut Pasteur de Dakar est arrivée mardi à Sao Paulo pour aider les scientifiques brésiliens.
Microcéphalie : une malformation neurologique qui ne se guérit pas
Au cours de la grossesse, les premiers neurones se mettent en place à une vitesse fulgurante. Jusqu’à la 17ème semaine de gestation, 250 000 neurones se forment en une minute et créent des connexions.
Mais, en cas de microcéphalie causée par une mutation génétique ou un facteur environnemental (alcool, certains médicaments ou une infection virale...), la formation du cerveau est limitée. Le périmètre de la tête de ces enfants est alors inférieur à la normal. Cet anomalie se détecte le plus souvent pendant la grossesse lors d’une échographie. Mais il est déjà trop tard.
Il existe différentes formes de microcéphalie et toutes ne sont pas encore très bien connues. Le futur des enfants est donc difficile à prédire. Néanmoins, tous seront touchés par un retard mental léger à très sévère, auront des difficultés d’apprentissage, des troubles de la parole ou moteurs.
Grâce aux rééducations orthophoniques et psychomotrices précoces, le développement neuronale de ces enfants est favorisé. Elles leur permettent d’acquérir une certaine autonomie et d’évoluer à leur rythme.