Le traitement de référence contre les remontées acides, les inhibiteurs de la pompe à proton (IPP), augmenteraient considérablement le risque de développer une insuffisance rénale chronique. Telles sont les conclusions d'une étude publiée ce lundi dans le JAMA Internal Medicine.
Apparus dans les années 1990, les IPP sont depuis largement prescrits dans le traitement des reflux gastro-oesophagien, des ulcères digestifs ou encore en prévention de lésions induites par les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS).
En France, avec plus de 16 millions de prescriptions par an, soit près de 60 millions de boîtes vendues, les IPP sont classés parmi les 100 médicaments les plus prescrits selon la Caisse nationale d’assurance maladie.
Et malgré une utilisation massive de ces médicaments depuis plus de vingt cinq ans, leurs effets secondaires sont encore mal connus. Des études ont montré que leur utilisation augmente le risque d’infections pulmonaires et favorisent l’ostéoporose. D’autres travaux ont mis en évidence le rôle des IPP dans la néphrite interstitielle, une inflammation des reins.
Lors du récent Congrès annuel de l’association américaine de néphrologie à San Diego (Californie, États-Unis), une équipe de l’université de Buffalo a examiné les données de santé de 71 000 patients atteints de pathologies rénales chroniques. Parmi eux, plus d’un quart avaient reçu des IPP. Chez ces patients, la consommation de ces médicaments est associée à un risque accru de 10 % de développer une insuffisance rénale chronique et un risque accru de 76 % de mort prématurée.
10 400 patients suivis
Dans l'étude publiée ce lundi, les chercheurs de l'Université de John Hopkins ont suivi plus de 10 400 patients en bonne santé âgés en moyenne de 63 ans. Ces travaux ont montré un surrisque de 20 % à 50 % de développer une insuffisance chronique rénale.
Les chercheurs avaient présenté lors du congrès de San Diego, les résultats d'une seconde étude, menée pendant 17 ans sur environ 240 000 patients. « Dans ces deux études, les participants qui prenaient des IPP ne présentaient pas de risque accru de développer une pathologie rénale », soulignait le Dr Benjamin Lazarus, responsable des travaux.
Trop de prescriptions injustifiées
« Les IPP sont souvent prescrits en dehors des recommandations officielles d’utilisation, relèvait le Dr Pradeep Arora, coordinateur de ces travaux. Et on estime que plus de deux tiers des patients sont traités inutilement par IPP. »
Outre, l’utilisation injustifiée d’IPP, l’automédication est également problématique. En France, plusieurs de ces médicaments sont disponibles en pharmacie sans ordonnance. Pour éviter une utilisation prolongée, les conditionnements ont été limités à 14 comprimés. Toutefois, au vu des effets indésirables potentiels, de meilleures mesures de prévention pourraient s'avérer nécessaires.