Pour la première fois depuis quarante ans, une grève paralyse le système de santé britannique. Les internes sont descendus en masse dans la rue, pour protester contre un nouveau contrat que le gouvernement souhaite leur imposer. L’essentiel de leur désaccord concerne le nombre d’heures travaillées et leur rémunération.
Le contrat qui régit l’activité de ces « junior doctors » date des années 90, et en 2012, le gouvernement du conservateur David Cameron a choisi de le renégocier afin de l’adapter à la conjoncture économique. Les discussions avec les syndicats ont duré jusqu’en 2014, sans succès. Les médecins sont même sortis des négociations, jugeant que le débat n'allait pas dans la bonne direction.
En novembre dernier, les autorités ont finalement accepté de revaloriser le salaire des internes, avec une augmentation de 11 %. En contrepartie, elles ont réduit d’un quart le nombre d’heures considérées comme des horaires décalés, sur lesquels les médecins peuvent percevoir une rémunération plus importante.
Au delà de ces tensions, liées à leur rélunération, les internes disent craindre pour la sûreté des leurs patients, car le nombre d’heures qu'ils travaillent chaque semaine n’est pas formellement encadré, et peut conduire à des situations de fatigue importantes.
3 300 opérations repoussées
Le plan du gouvernement, qui contient ces nouvelles dispositions, pourrait désormais être imposé aux internes, sans consensus. Cela a conduit le syndicat majoritaire, la British Medical Association (BMA) à déclarer le mouvement de grève. Sur les 55 000 « junior doctors » en exercice en Angleterre, 37 000 en sont membres et sont descendus dans les rues ce mardi.
Pour le moment, le mouvement semble globalement remporter l’adhésion des britanniques, qui reconnaissent que leur système de santé national, le NHS, est à bout de souffle. Une grande majorité dit comprendre les jeunes médecins, qui travaillent en moyenne près de 48 heures par semaine.
Toutefois, ce soutien pourrait ne pas durer. En effet, la grève a bouleversé le fonctionnement des hôpitaux, et de nombreux patients ont été directement affectés. Sur les 26 000 internes qui devaient travailler ce jour là, seuls 10 000 se sont présentés à leur poste. 31 000 opérations étaient prévues, mais près de 3 300 ont dû être reportées.
Le gouvernement veut tout faire pour éviter qu’une telle situation ne se reproduise, appelant les syndicats à se rassoir à la table des négociations. Si aucun accord n’est trouvée, une nouvelle vague de protestation est prévue pour le 26 janvier.