Elle se fume dans des fiasques colorées et dégage un parfum suave. Mais ne vous y trompez pas : la chicha n’a rien d’un doux tabac. Au contraire, passée au crible de l’analyse scientifique, elle se révèle bien pire que sa cousine la cigarette.
De nouveaux travaux viennent confirmer la forte toxicité du narguilé. Parue dans la revue Public Health Reports, cette méta-analyse portant sur 542 études précédemment publiées, révèle qu’un consommateur inhale 125 fois plus de fumée au cours d’une session chicha que lorsqu’il fume une cigarette, mais aussi 25 fois plus de goudron, 10 fois plus de monoxyde de carbone et 2,5 fois plus de nicotine.
"C'est la catastrophe !"
Cela fait plusieurs années que les experts alertent sur cette réalité. « En 2006, lorsque l’interdiction de fumer dans les lieux publics a été mise en place, il y avait de fortes pressions pour que la chicha ne soit pas concernée, se souvient le penumologue Bertrand Dautzenberg. Nous avions alors relayé en toute urgence des petites études et écrit un livre pour attirer l’attention sur cette toxicité. Nos conclusions étaient similaires aux derniers résultats ».
Extrait de Tout ce que vous ne savez pas sur la chicha (Ed. Margaux Orange) - DR
Dans ce livre, intitulé Tout ce que vous ne savez pas sur la chicha (Ed. Margaux Orange), les auteurs rappellent qu’une bouffée de chicha équivaut à un litre de fumée, quand une cigarette se fume en quinze bouffées, qui représentent moins d’un litre de fumée. Par ailleurs, les médecins démontrent les risques liés aux très forts taux de pollution émise par les narguilés.
« En terme de particules fines et de monoxyde de carbone, c’est la catastrophe ! précise Bertrand Dautzenberg. On a régulièrement des récits de personnes qui se retrouvent en caisson hyperbare parce qu’elles ont fumé ou préparé une chicha dans des sous-sols. Lorsque vous fumez une chicha, vous vous retrouvez avec 10 % de monoxyde de carbone dans le sang alors que le taux normal, c’est moins de 1… »
Les bars à chicha peu inquiétés
Malgré cette réalité bien documentée, l’idée selon laquelle la chicha serait moins toxique que la cigarette a encore la peau dure, notamment parmi les jeunes. Un markerting bien travaillé serait à l’origine de ces représentations erronées.
Quant aux bars à chicha, qui respectent rarement la législation (avoir un espace fumoir homologué, notamment, à l’image des clubs ou des cafés), ils bénéficient encore, pour le moment, d’une forme de tolérance de la part des autorités. Si les services de douane et de police réalisent, à l’occasion, des descentes dans les établissements, la plupart ont encore pignon sur rue.
Petite consolation pour les experts médicaux : le caractère faiblement addictif de la chicha, et sa consommation qui semble diminuer. « Même si de nombreux jeunes déclarent avoir déjà fumé le narguilé, la e-cigarette semble lentement remplacer les chicha dans les soirées des adolescents de 14-15 ans », conclut Bertrand Dautzenberg.
Les chiffres qui montrent que la #chicha n’a rien d’un doux #tabac :
Posté par Pourquoidocteur sur jeudi 14 janvier 2016