Une personne en état de mort cérébrale et cinq personnes hospitalisées en neurologie. Le bilan de l’essai clinique de phase I mené à Biotrial à Rennes (Ille-et-Vilaine), est sans précédent. Les volontaires testaient une molécule développée par le laboratoire portugais BIAL, qui agit sur le système endocannabinoïde. « Avec un degré de gravité différent selon les cas, ces patients présentent des manifestations neurologiques de même type », a précisé en conférence de presse la ministre de la Santé, Marisol Touraine.
Selon un chirurgien du CHU de Rennes, des lésions nécrotiques et hémorragiques ont été observées à l’IRM. L’essai clinique a été interrompu le 11 janvier.
D’après une journaliste de l’Agence de Presse Médicale (APM), qui cite l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), la molécule testée est un inhibiteur d’une enzyme de dégradation des endocannabinoïdes.
Les endocannabinoïdes, aussi appelés cannabinoïdes endogènes, sont des substances produites naturellement par le cerveau. 5 ont été identifiées à ce jour. Elles fonctionnent à la manière des neurotransmetteurs, mais elles sont synthétisées « à la demande », après stimulation des récepteurs qui leur sont associés.
Agit sur l'humeur, l'appétit...
En effet, les cannabinoïdes font partie d’un système – le système endocannabinoïde – composé de récepteurs situés dans le système nerveux central et périphérique ainsi que plusieurs organes (système reproducteur, immunitaire, digestif…), d’enzymes de dégradation et d’antagonistes. Cet ensemble permet de réguler plusieurs fonctions, dont l’appétit, la relaxation musculaire, la douleur ou l’anxiété.
C’est, selon Marisol Touraine, sur ce dernier élément que portait l’essai clinique. « Cette molécule vise à traiter les troubles de l’humeur et de l’anxiété, et les troubles moteurs liés à des maladies neurodégénératives, a-t-elle déclaré. A ce stade, les indications d’un médicament restent très générales. »
Sur le papier, une telle approche est prometteuse. Les cannabinoïdes endogènes ont la particularité d’être libérés en petite quantité, dans des zones définies et d’être rapidement éliminés par l’organisme. En inhibant les enzymes chargées de les détruire, le laboratoire BIAL espère prolonger l’action de ces substances.
Un médicament y est déjà parvenu : le rimonabant. Il a été mis sur le marché contre l’obésité, avant d’être retiré du marché en 2008 en raison de son manque d’efficacité.
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Posté par Pourquoidocteur sur samedi 16 janvier 2016