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Dans le cerveau

Autisme : un marqueur cérébral repérable à deux ans

Par Anne-Laure Lebrun

Des Français ont identifié un marqueur cérébral de l'autisme rendant possible un diagnostic et une prise en charge précoces.

Ashlee Culverhouse/AP/SIPA

Plus de 60 ans après la première description des syndromes autistiques, ce handicap majeur reste énigmatique. Les causes de ces troubles qui affectent principalement les relations sociales et la communication sont encore peu connues. Mais les données récentes évoquent des pistes génétiques ainsi que des atteintes neurologiques. La neuro-imagerie suggère notamment l’existence d’anomalies cérébrales dans le plissement du cortex cérébral.

Grâce à l’imagerie par résonnance magnétique (IRM), des chercheurs français ont pu mettre en évidence un marqueur spécifique de l’autisme dans l’une des circonvolutions du cerveau. L’équipe du CNRS, d’Aix-Marseille Université et l’Assistance Publique- Hôpitaux de Marseille publient leur découverte dans la revue Brain Psychiatry : Cognitive Neuroscience and Neuroimaging.


Dans les plis du cerveau

L’équipe française s’est intéressée à un marqueur nommé « sulcal pit ». « Il s’agit du point le plus profond de chaque sillon du cortex cérébral. C’est à partir de ces points que se développent les plis présents à la surface du cerveau », explique le CNRS dans un communiqué. Ces derniers apparaissent très tôt au cours du développement et continuent à se creuser avec l’âge, probablement sous l’influence génétique. Ces plis sont donc des bons indicateurs pour comparer les individus entre eux.

A partir des résultats d’IRM, les chercheurs ont observé les sulcal pit de 102 garçons âgés de 2 à 10 ans, classés en 3 groupes : 59 enfants atteints d’autisme typique, 21 jeunes garçons présentant un trouble envahissant du développement non spécifié et 22 enfants dépourvus de trouble neurodéveloppemental.

En comparant ces groupes, les scientifiques ont découvert que dans l’aire de Broca - une région du cerveau spécialisée dans le langage et la communication – la profondeur maximale d’un sillon était moindre chez les enfants atteints d’autisme par rapport aux autres. Une anomalie détectable chez les enfants les plus jeunes de la cohorte. En outre, ils ont remarqué une corrélation entre cette atrophie et les troubles du langage.


Révolutionner la prise en charge de l'autisme

Pour les chercheurs, cette anomalie spécifique aux enfants atteints d’autisme typique pourrait permettre d’établir un diagnostic très tôt, dès l’âge de 2 ans, et de une prise en charge précoce. Une révolution pour ces enfants et leurs familles puisqu’aujourd’hui le diagnostic de l’autisme est posé en moyenne à 4 ans et demi.

Cependant, des études supplémentaires menées sur un plus grand nombre d’enfants devront être réalisées pour confirmer que ce marqueur cérébral est spécifique à l’autisme. Ces travaux permettront également de comprendre pourquoi cette anomalie apparaît dans cette zone si particulière.