C’est une véritable tragédie que vivent encore de nombreuses familles, dans tous les pays du monde. Chaque année, on rescence 2,6 millions de bébés mort-nés (décédés lors du troisième semestre de grossesse), soit près de 7 200 par jour.
Ce sombre bilan, dévoilé dans la revue scientifique The Lancet, met en lumière un problème tout aussi majeur que la mortalité maternelle et infantile, mais sur lequel les autorités sanitaires ont moins souvent tendance à agir.
Depuis 2011, date à laquelle les derniers travaux sur le sujet ont été publiés par le Lancet, le nombre de mort-nés dans le monde ne bouge pas. Le taux de mortinatalité, qui désigne le rapport du nombre de bébés nés sans vie à l’ensemble de toutes les naissances, diminue lui légèrement, de 2 % par an. C’est moins que le taux de mortalité maternelle qui diminue de 3 % par an, et du taux de mortalité infantile, de 4,5%, sur la même période.
Psychologie et économie
La mortinatalité a un impact psychologique et économique très fort sur les parents. Les chercheurs mettent notamment en évidence que 4,2 millions de femmes souffrent d’une forme de dépression après la perte de leurs bébés.
Les pères traversent aussi souvent une période de deuil très difficile. Sur les 3 503 hommes interrogés pour les besoins de l’étude, dans des pays développés, la moitié éprouvait de l’amertume. Ils estimaient que la société voulait qu’ils oublient leur bébé en tentant d’en avoir un autre.
Sur le plan économique, les conséquences peuvent aussi être très dures. D’après les données récoltées par le Lancet, 10 % des parents restent aussi plus de six mois sans travailler, afin de se reconstruire. Quant à ceux qui reviennent à l’emploi, ils sont souvent moins productifs.
Inégalités majeures
Autre problème : les inégalités en matière de mortinatalité sont importantes entre les pays. Ainsi, deux tiers des morts nés se retrouvent dans seulement dix pays, au premier rang desquels l’Inde. Le Pakistan et le Nigéria ont par ailleurs le taux de mortinatalité le plus élevé. Parmi les « bons élèves », on retrouve l’Islande, la Finlande, mais surtout les Pays-Bas.
Mais la distinction entre pays développés et pays en développement n’est pas forcément pertinente, dans la mesure où entre les pays riches, les inégalités se creusent aussi, entre les ceux qui ont mis en place des solutions et les autres.
« Il y a de grandes variations entre les taux de mortinatalité même dans les pays à haut revenu. Tous les pays, riches ou pauvres devraient prendre des mesures pour améliorer la prise en charge et les standards de soins » souligne Vicki Flenady, coordinatrice de l’étude.
Lutter contre les maladies
Parmi les solutions qui fonctionnent, mettre l'accent sur les traitements pour soigner les infections pendant la grossesse. Par exemple, 8% de tous les morts nés sont attribuables à la persistance et au mauvais traitement de la malaria, dans plusieurs régions du monde.
Lutter contre l’obésité et les maladies chroniques comme le diabète et l’hypertension est aussi une priorité, 10 % de la mortinatalité résultant de ces pathologies.
Enfin, un accès plus large aux centres de planning familial et un suivi plus attentif pendant la grossesse sont nécessaires dans tous les pays, en particulier chez les femmes très jeunes ou âgées, plus à risque de donner naissance à un enfant sans vie. Un suivi qui doit s'accompagner d'une meilleure prise en charge lors de l'accouchement.
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— Pourquoidocteur (@Pourquoidocteur) 20 Janvier 2016