Le lien entre pesticides et maladie de Parkinson est avéré. Mais comment ces produits couramment utilisés agissent-ils sur le cerveau ? Dans le but de répondre à cette interrogation, l’Autorité européenne de sécurité alimentaire (EFSA) a réalisé une revue de la littérature publiée de 1990 à 2015. Plusieurs classes de produits chimiques sont impliquées. Parmi elles, les pesticides figurent en bonne position.
Le produit qui a le plus fait l’objet de recherches n’est pas un pesticide mais une toxine synthétique, découverte alors qu’un étudiant tentait de synthétiser de l’héroïne. Le MPTP (1-methyl-4-phenyl-1,2,3,6-tetrahydropyridine) provoque un syndrome parkinson par la conversion d’une amine présente dans les cellules gliales – qui entourent les neurones.
Stress oxydant
Les pesticides ont un mécanisme d’action sensiblement différent. La roténone, utilisée pour contrôler les populations de poissons nuisibles, provoque un stress oxydant comme la plupart des produits analysés par l’EFSA. Mais elle est aussi à l’origine d’une dysfonction de la mitochondrie, une sorte de « pile » chargée de la production, du stockage et la distribution de l’énergie nécessaire à la cellule.
Ce phénomène est commun à de nombreux herbicides neurotoxiques. S’y ajoutent souvent d’autres dégâts au cerveau, comme l’accumulation de protéines, la dégénérescence des neurones dopaminergiques – provoquée par les carbamates – ou encore la mort cellulaire.
Des pesticides tristement célèbres figurent dans la liste dressée par l’EFSA, comme l’organochlorine utilisée dans le DDT ou les pyréthroïdes. Ces deux molécules sont pourtant largement utilisées, afin de lutter contre les moustiques vecteurs de maladies infectieuses. Le glyphosate semble encore une fois épargné par l’Autorité : quelques études suggèrent que le pesticide controversé attaque les neurones dopaminergiques et GABAergiques. Mais la littérature est plus maigre en la matière, avancent les experts.