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QUESTION D'ACTU

Une gélule pour explorer le grêle





La médecine a décidé depuis une vingtaine d’années de se doter d’un œil interne pour voir ce qu’il se passe à l’intérieur de notre corps. C’est ce que l’on appelle l’endoscopie. Les premières tentatives – souvent douloureuses pour les patients – ont consisté à mettre des miroirs et de la lumière au bout d’un tube rigide. Très vite grâce à la lumière froide, les matériaux de connexion et surtout l’incroyable miniaturisation des caméras, la vision directe a été supplantée par l’écran de télévision et l’ordinateur. De plus en plus précis, de plus en plus petit, l’endoscope est parvenu dans des endroits les plus intimes de notre organisme. Ainsi en passant par une artère, on peut se promener dans pratiquement tous nos vaisseaux, en particulier ceux du cœur. On peut aussi percer la peau du ventre et regarder tous les organes, foie, utérus, prostate, et d’ailleurs en profiter pour intervenir si le besoin s’en fait ressentir. On peut également entrer dans une articulation, c’est ce que l’on appelle l’arthroscopie, et par exemple dans le genou, voir un ménisque déchiré ou un ligament partiellement rompu. On peut aller dans les poumons en remontant les bronches, dans la vésicule biliaire ou la vessie. Mais il y avait encore une région de notre corps qui faisait de la résistance. L’intestin grêle. Un organe dont on parle peu. Et pourtant véritable petit village breton de notre organisme, car c’est là que se prépare la potion magique de la vie, le mécanisme extrêmement complexe de la digestion. Le tri entre l’indispensable à absorber et le superflu à éliminer – se fait pendant des heures dans notre intestin grêle. Que l’on passe par le haut – bouche, œsophage, estomac – ou le bas, rectum et gros intestin, la distance à parcourir et la complexité du trajet n’autorisaient pas l’exploration de l’intestin grêle. Ce dernier bastion vient de céder. Grâce à une micro-caméra qui ressemble à un gros suppositoire que l’on va… avaler. Elle suit le trajet tranquillement et envoie pendant tout son voyage des images superbes qu’un capteur porté autour du cou, récupère.
Alors, plus d’espaces inviolés dans notre corps. Reste peut-être notre âme qui, elle, heureusement refuse de délivrer ses images à une machine.

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