Alzheimer ou démence fronto-temporale (DFT) ? Au moment du diagnostic, la confusion entre ces deux pathologies neurodégénératives est courante. En effet, les patients atteints de la forme la plus courante de DFT présentent des troubles de la mémoire, interprétés à tort comme une manifestation d’Alzheimer.
Pour améliorer le repérage, des tests de cognition sociale évaluant l'empathie, semblent aujourd'hui efficaces, indique l’Inserm dans une publication qui revient sur les résultats d’une étude parue en novembre dans la revue Journal of Alzheimer's Disease, à laquelle l’institut a participé.
Identifier des situations gênantes
Ainsi, selon les chercheurs, l'évaluation de la cognition sociale pourrait être un outil efficace pour distinguer les deux maladies. « La cognition sociale est l'ensemble des capacités cognitives qui permettent à une personne de s'adapter à son environnement social » explique Maxime Bertoux (unité 975 Inserm/CNRS/Université Pierre et Marie Curie, Institut du cerveau et de la moelle épinière).
Pour leur étude, les chercheurs ont eu recours à deux tests : l'un consiste à demander au patient de reconnaître des émotions sur des photographies de visage ; lors du second, le « test des faux pas », des scénettes de vie sont décrites au malade, qui doit distinguer celles qui sont socialement gênantes ou pas. L'objectif étant d'évaluer si ces deux tests combinés sont pertinents pour différencier des malades atteints de DFT de ceux souffrant de la maladie d'Alzheimer.
Les chercheurs ont analysé le dossier de 96 patients reçus à l'hôpital Pitié-Salpêtrière (Paris) et atteints d'une des deux maladies. « Nous avons observé que 85 à 94% des patients peuvent être classés dans le bon groupe –Alzheimer ou DFT- en se fiant aux seuls tests mini-SEA, précisent les auteurs. Comparativement, le résultat n'est que de 70% avec les tests de mémoire seuls, ce qui se traduit dans la pratique par un diagnostic erroné de maladie d'Alzheimer chez un patient DFT sur deux ».
Une zone d'incertitude persiste cependant dans 11% des cas. « Les tests ne permettent pas alors d'orienter vers l'une ou l'autre de ces maladies. Mais il s'agit de malades à un stade avancé, pour lesquels l'altération cognitive devient plus générale ». Lors d’un diagnostic précoce, ce problème ne semble pas se poser.
Un test simple et peu coûteux
La DFT représente 20% des démences dégénératives, et près d'un tiers des cas diagnostiqués chez les moins de 65 ans. Si la variante frontale peut être confondue avec la maladie d'Alzheimer, elle s'en distingue souvent à travers des troubles de la personnalité, une perturbation du sens des valeurs sociales…
« Cette étude pourrait être utile pour réviser les critères diagnostiques des deux maladies, conclut le chercheur. Ceci permettrait d'apporter une prise en charge plus adaptée ».
Rapides et peu coûteux, ces tests pourraient, à moyen terme, être l'un des examens diagnostiques de référence, veulent croire les auteurs. « Mais pour améliorer la précocité du diagnostic de ces maladies, l’identification de nouveaux marqueurs d’altération neuronale et de déclin cognitif sont nécessaires ».