Booster la mémoire des tout-petits pour assurer leur réussite scolaire. C'est le conseil que donnent des chercheurs canadiens des universités Concordia, Sainte-Anne et de Montréal dans une étude publiée il y a quelques jours. Les résultats ont été présentés dans la revue scientifique Intelligence.
Pour parvenir à cette conclusion, l'étude a évalué 1 824 enfants, participant à la cohorte Quebec Longitudinal Study of Child Development, aux âges de 2 ans et demi, puis de 3 ans et demi.
L'équipe a analysé leurs comportements et leurs résultats scolaires à l’âge de 12 ans. Et les résultats sont sans appel. Ils montrent que les enfants qui obtiennent de bons scores aux tâches de mémoire de travail durant la petite enfance sont plus susceptibles de réussir à l'école par la suite. A l'inverse, ceux qui obtiennent de mauvais scores aux âges de 2 et 3 ans sont plus susceptibles de décrocher à 12, et de ne pas suivre d’études secondaires et cela, indépendamment de leur Q.I et du statut socio-économique des parents.
Plus de redoublements
« Nos résultats donnent à penser que les différences individuelles en bas âge sur le plan de la mémoire de travail pourraient contribuer au risque de décrochage au secondaire, compte tenu de l’engagement à l’école, de la moyenne et du redoublement préalable d’une classe, le cas échéant », précise Caroline Fitzpatrick, chercheuse à l’Université Concordia et auteure principale de l’étude.
« Ces facteurs permettent d’identifier les élèves âgés de 12 ans susceptibles d’abandonner leur parcours secondaire avant l’âge de 21 ans », ajoute-t-elle.
Mais face à ces données qui peuvent inquiéter les parents, l'équipe de scientifiques n'est pas fataliste. Elle encourage les parents à intervenir le plus tôt possible. « Les tout-petits peuvent, par exemple, exercer leur mémoire de travail en jouant à faire semblant avec d’autres enfants, car cette activité implique qu’ils se souviennent de leur propre rôle et de ceux des autres », indique Linda Pagani, de l’Université de Montréal.
Même bénéfice avec des exercices d'amélioration des « fonctions exécutives », comme la capacité de suivre des directives et d'inhiber son comportement pour accomplir une tâche, selon Mme Fitzpatrick.
La méditation pleine conscience bénéfique ?
Par ailleurs, les auteurs pensent également que la piste de la méditation "pleine conscience" avec les tout-petits pourrait améliorer la mémoire de travail car elle aide les enfants à se concentrer. Smartphones, tablettes, télévision et jeux vidéo sont pour leur part à utiliser avec parcimonie. Limiter le temps passé devant les écrans serait aussi une bonne stratégie pour éviter d'endommager les fonctions cognitives, et donc la mémoire. A la place, les spécialistes recommandent au bambins de pratiquer le football, le basket-ball ou encore le skate, pour booster la concentration et la mémoire.
Enfin, pour les parents à la recherche de la solution miracle, sachez qu'« il n'existe aucun test diagnostique pour la mémoire de travail, mais les problèmes sont facilement décelables. On parle d'enfants pour qui les informations entrent par une oreille et sortent de l'autre », conclut le Dr Caroline Fitzpatrick.