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Taux le plus élevé d'Europe

VIH : un million de séropositifs en Russie

Par Suzanne Tellier

Plus d'un million de personnes vivent avec le VIH en Russie, soit 1 % de la population, selon le responsable du centre fédéral AIDS. 

REVELLI-BEAUMONT/SIPA
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Le prix d'une politique sanitaire désastreuse. Pour la première fois de son histoire, la Russie a atteint le seuil du million de personnes qui vivent avec le VIH.  C'est Vadim Pokrovsky, président du centre fédéral AIDS de Russie et opposant notoire à la politique du Kremlin, qui lance l'alarme ce lundi.  Cité par l'agence Reuters, il assure que cette donnée est sous-évaluée ; en réalité, un million et demi de Russes pourraient être séropositives. 

90 000 nouveaux cas en 2014

Cela représente environ 1 % de la population russe, composée de 144 millions d'habitants. Un taux édifiant, bien au-delà de ceux enregistrés dans les autres pays d'Europe, exceptée l'Estonie. Par comparaison, en France, on estime que 150 000 personnes vivent avec le VIH. 

« L'épidémie se renforce, déplore Vadim Pokrovsky. Malheureusement, les mesures qui ont été prises n'ont pas suffi ».  En 2014, 90 000 personnes ont ainsi découvert leur séropositivité. 

Selon le centre fédéral, le nombre de personnes contaminées pourraient atteindre les deux millions d'ici 2019. Depuis que la Russie a enregistré sur son territoire le premier cas de VIH en 1987, 204 000 sont décédées de la maladie. 

Le plus fort taux d'injecteurs au monde

Le centre rappelle que 57 % des Russes infectés par le virus ont été contaminés par le biais d'une consommation de drogues, et que 20 % des usagers sont testés positifs au VIH. 

De fait, la Russie détient une autre palme, peu réjouissante également : c'est le pays qui compte le plus haut taux d'injecteurs de drogues au monde - 1,8 million de personnes, selon une étude du Lancet parue en 2012. 

30 % de patients soignés

Le président du Centre AIDS souhaite également alerter sur l'accès aux soins en Russie, alors que seuls 30 % des patients diagnostiqués VIH reçoivent actuellement le traitement antiretroviral dont leur organisme a besoin pour empêcher le virus de se multiplier.

Pour combattre ce fléau, Vadim Pokrovsky dit avoir besoin du double des crédits actuellement consentis par le Kremlin, qui s'élèvent à 625 000 euros. Au-delà du manque de ressources financières, les experts du sida critiquent la politique russe, accusée de faire le nid de cette épidémie. Parmi leurs griefs, ils dénoncent l'influence croissante de l'Eglise Orthodoxe opposée à l'utilisation des préservatifs, ainsi que la criminilisation de la prostitution, ou encore l'absence de prévention et d'éducation sexuelle.