En Guyane, l’inquiétude grandit autour du virus Zika. Selon le dernier point épidémiologique, 45 cas ont été « biologiquement confirmés » et 164 suspectés. Parmi ces cas évocateurs, 4 seraient des femmes enceintes, selon l’Agence régionale de santé (ARS) de Guyane.
« Les communes dans lesquelles des cas biologiquement confirmés de Zika autochtones ont été enregistrés sont Rémire-Montjoly, Matoury, Kourou, Sinnamary, Mana et Saint-Laurent », précise l’ARS.
Face à la propagation rapide du virus, la préfecture a décidé de placer le littoral de la Guyane au niveau 3a du Psage arbovirose émergente, c'est-à-dire le « programme de Surveillance d’Alerte et de Gestion des épidémies ». Lors d’une conférence de presse, le directeur de l’ARS, Christian Meurin, a souligné que la fièvre Zika est asymptomatique dans 80 % des cas. De nombreux guyanais pourraient donc être infectés sans le savoir. « On peut avoir une circulation silencieuse », s’est-il inquiété.
Une surveillance renforcée des femmes enceintes
Par ailleurs, la saison des pluies actuellement en cours dans cette région du monde favorise la prolifération des moustiques Aedes aegypti et Aedes albopictus qui véhiculent ce virus. Et puisqu’il n’existe aucun vaccin ni traitement, la seule façon de se protéger du Zika est d’éviter les piqûres de moustiques. Le préfet, Martin Jaeger, a rappelé que « les gestes simples sont importants » et a invité la population à porter des vêtements longs, dormir sous une moustiquaire, utiliser des insecticides et des répulsifs. Des traitements anti-larvaires ont d'ores et déjà été menés et vont être poursuivis
L’ARS a également indiqué que les femmes enceintes bénéficieront d’une prise en charge adaptée. Une mesure motivée par les milliers de cas de microcéphalie au Brésil. Le virus Zika est suspecté de provoquer cette malformation congénitale chez l’enfant après avoir infecté la mère. Les obstétriciens de Guyane devraient se réunir très prochainement afin d’évaluer les mesures de prévention qui seront appliquées.
Mais dans ce département français d’Amérique, l’accès au système de soins est compliqué. Il faut environ 3 heures pour aller à l’hôpital et près 2 grossesses sur 10 ne sont pas suivies. C’est pourquoi des évacuations sanitaires vers le littoral devraient être programmés si des cas suspects apparaissent, a signalé le directeur de l’ARS.
Le virus pourrait se transmettre par voie sexuelle
Un cas de transmission sexuelle a été rapporté aux Etats-Unis en 2008. Un scientifique américain parti au Sénégal a contaminé sa femme en rentrant chez lui. Celle-ci n’avait pas voyagé dans des zones touchées par le virus. Selon le Haut Conseil de santé publique (HCSP), cette observation est cohérente avec la mise en évidence de particules virales dans le sperme de malades durant l’épidémie de Zika en Polynésie Française en 2013.
Depuis, aucun autre cas de transmission sexuelle n'a été signalé. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a souligné ce lundi que des preuves supplémentaires sont nécessaires pour affirmer que ce virus peut se transmettre de cette façon.