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Psychoactive Bill Act

Le Poppers bientôt interdit au Royaume-Uni

Par Marion Guérin

La Chambre des Communes a britannique a examiné le Psychoactive Bill Act 2016, qui recense les substances psychoactives interdites. Le Poppers a été intégré à la liste. 

RACKAM/SIPA
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Le nitrite d'alkyle, plus connu sous le nom de Poppers, sera bientôt prohibé au Royaume-Uni. La Chambre des Communes a examiné en troisième lecture le « Psychoactive Bill Act », qui recense chaque année les substances psychoactives faisant l’objet d’une interdiction sur le territoire. Le Poppers, ainsi que le protoxyde d’azote, en font partie.

Ce texte a vocation à adapter la loi aux évolutions du marché de la drogue. En effet, les fabricants ont tendance à modifier la composition de leurs produits afin qu’ils échappent momentanément aux législation des Etats. Le business des « legal drugs » est ainsi en plein essor sur Internet.

Tentatives d'opposition

Sauf que cette année, les députés britanniques ne se sont pas cantonnés aux nouvelles drogues de synthèse. Dans la version 2016 du Psychoactive Bill Act, ils ont décidé d’inclure des produits traditionnellement utilisés dans le milieu festif, tel que le Poppers, ce liquide volatil dont les usagers inhalent les vapeurs, et qui donne des sensations éphémères de chaleur, de vertige et d’euphorie.

Le parti travailliste du Royaume-Uni a déposé un amendement pour retirer le Poppers de cette liste. De même, un député conservateur a dénoncé une loi discriminante, alors que l’usage de Poppers est très répandu dans la communauté gay – ce produit est en effet réputé pour ses propriétés vasodilatatrices. Toutefois, l’amendement a été rejeté et la prise de position de ce député n’a pas changé la donne.

En France, la vente libre ré-autorisée

Le texte devrait donc entrer en vigueur en avril. Dans les faits, il vise davantage les commerçants que les usagers, puisqu’il interdit la vente et le trafic de Poppers. En France, ce produit a été prohibé en 2011 en raison d'un « risque de pharmacodépendance ou d'abus ». Mais en 2013, le Conseil d'Etat a annulé l'arrêté interdisant sa commercialisation. Ils est désormais en vente libre.

En effet, l’instance a jugé qu' « aucune étude scientifique ou enquête » ne permettait de conclure à un tel risque de dépendance ou d’abus. Au contraire, elle a estimé que les dérivés nitrés contenus dans le Poppers présentaient « une toxicité faible aux doses inhalées habituelles ».

Peu addictif, mais pas bénin

De fait, si la question de la dépendance semble mineure pour ce produit – tout comme pour le gaz hilarant – les effets indésirables peuvent en revanche s’avérer graves en cas de forte consommation, ou chez des sujets à risque. Ainsi, l’ANSM a émis un bulletin dans laquelle elle rappelle les effets délétères identifiés par ses réseaux.

Selon l’agence, le Poppers peut ainsi générer des troubles cardiovasculaires (tachycardie, hypotension artérielle, malaise voire collapsus cardiovasculaire) ou des atteintes oculaires (diminution de l’acuité visuelle, le plus souvent partiellement ou totalement régressive chez des utilisateurs chroniques ou naïfs de poppers). D’autres effets plus courants ont été rapports, tels que des nausées, vomissements, flush transitoire, irritations cutanées du nez et des lèvres, maux de tête.

L’ANSM a ainsi relevé 146 intoxications graves liées à l’usage du Poppers, dont six décès, entre 1999 et 2011.