De la grande consultation déprimante aux propositions optimistes... Suite aux résultats d'une enquête d'ampleur (35 000 praticiens interrogés) qui avait montré le profond malaise des médecins, le Conseil National de l’Ordre des Médecins (CNOM) a présenté ce mardi les 10 propositions de son Libre blanc « en réponse aux nombreux dysfonctionnements de notre système de santé, tant pour les patients que pour les médecins et les autres professionnels de santé », écrit-il.
Elles sont donc le résultat de la grande consultation engagée par le CNOM avec tous les acteurs du système de santé et de multiples rencontres avec les professionnels sur le terrain. Un programme "politique" qui en a surpris beaucoup, et qui fait la part belle à un système de santé plus régionalisé.
Simplifier l'organisation territoriale des soins
Pour commencer, le CNOM appelle à la mise en place d'un échelon territorial unique afin d'améliorer la coordination des soins. « Pour sortir du millefeuille administratif actuel et rationaliser profondément l'organisation territoriale des soins, il est indispensable de définir un territoire d’action santé unique ». L'Ordre souhaite le nommer le "Bassin de proximité santé" (BPS).
Si un jour la mesure est retenue par un gouvernement, il s'agira de la plus petite entité géographique. Le CNOM veut qu'elle dispose de la capacité d’autonomie de prise en charge ambulatoire de sa population, « incluant soins, prévention, dépistage, éducation sanitaire, médico-social, prévention au travail et en milieu scolaire », rajoute-t-il. Les médecins isolés en cabinet comme les structures hospitalières devront en faire partie
Mais la recomposition autour des BPS, devra se faire à partir de l'existant (moyens et compétences) « et sur la base du volontariat », précise l'Ordre.
Pour un numerus clausus régional
Cette régionalisation de la santé, le CNOM la veut aussi pour les études médicales. C'est ainsi qu'il veut réformer le numerus clausus (nombre d’admis en seconde année) en fonction des besoins locaux par spécialité, des capacités de formation des établissements universitaires et des possibilités d’organisation de stages durant la scolarité sur les territoires.
Par ailleurs, il appelle à « réfléchir » à un système de présélection avant l’année de la Première Année Commune aux Etudes de Santé (Paces) « élargie », dans l’intérêt des étudiants et des universités, afin de limiter les taux d’échec. « Elargie » car l'Ordre veut aussi mettre en place un socle commun à toutes les professions de santé en première année, certaines professions de santé n'étant toujours pas « universitarisées » (sagesfemmes, masseurs-kinésithérapeutes, manipulateurs en radiologie…).
« Cette absence de filières universitaires spécifiques réduit le nombre de débouchés et de passerelles précoces », pense-t-il.
Augmenter le paiement à l'acte
Enfin, l'Ordre fait des propositions plus consensuelles mais un peu éloignées de son champ de compétences habituel. Il demande ainsi une réévaluation des rémunérations des médecins. Pour les médecins libéraux notamment : « il faut ouvrir la voie à la diversification des rémunérations, en simplifiant notamment le paiement forfaitaire de certaines missions, et revaloriser le paiement à l’acte, figé depuis de longues années », déplore-til.
Et pour les médecins salariés (hospitaliers, médecins scolaires, médecins du travail, et autres) : « les rémunérations en début de carrière doivent être revalorisées (notamment pour les premiers échelons des praticiens hospitaliers, comme le recommande le rapport Le Menn) ». Les syndicats médicaux apprécieront, l'Assurance maladie moins on l'imagine...
« Ces 10 propositions ont pour objectif d’alimenter le débat public et les programmes politiques des prochaines échéances électorales dans la perspective d’aboutir à la construction d’une réforme de santé ample et partagée », conclut le CNOM.