La très sérieuse revue The Lancet vient de publier une méta-analyse dans laquelle elle s’attarde sur les nombreux avantages de l'allaitement. Le message n’est pas nouveau, les vertus du lait maternel sont connues depuis longtemps, notamment car il contient des anticorps qui vont forger l’immunité du bébé. L’étude relève ainsi que plus de 820 000 décès d’enfants en bas âge pourraient être évités chaque année, majoritairement dans les pays pauvres.
Mais les avantages ne concernent pas seulement le nouveau-né : l’allaitement pourrait réduire le nombre de cancers de sein chez les mères.
Bénéfices économiques
L’étude avance le chiffre de 20 000 décès par cancers du sein qui pourraient être évités annuellement, si les mères étaient plus nombreuses à travers le monde à allaiter. Chaque période d'allaitement de 12 mois diminuerait le risque de cancer du sein de 4,3 %. Nourrir son enfant au sein conférerait aussi une certaine protection contre le cancer de l'ovaire, si tant est que l'allaitement soit pratiqué sur de « longues périodes », peut-on lire dans l'étude. Ces bénéfices sont liés à des périodes d'aménorrhées allongées en cas d'allaitement, un facteur connu pour diminuer le risque de ce deux types de cancer.
En outre, les mères allaitantes seraient également mieux protégées le diabète de type 2. Les mères qui allaitent sont aussi moins sujettes à la dépression post partum. « Mais il est plus probable que ce soit la dépression qui affecte l'allaitement, que l'inverse », relèvent les auteurs.
En outre, ils soulignent que le recours plus systématique à l’allaitement pourrait de fait avoir des répercussions économiques très positives sur les systèmes de santé à travers le monde.
Pour construire leur méta-analyse et parvenir à ces conclusions, les chercheurs ont combiné de nombreux résultats d’études comportant des données de mères et de leurs enfants. Ils synthétisent leurs analyses dans deux études publiées conjointement dans le Lancet.
Consensus difficile dans les pays développés
Rappelons que l’OMS préconise d’allaiter exclusivement l’enfant pendant les six premiers mois de sa vie. Cependant il y a un revers à la médaille. En effet, l’incitation à l’allaitement a déjà par le passé pu soulever de vives réactions. D’ailleurs, les auteurs de l’étude relèvent que si l’importance de l’allaitement est bien admise dans les pays à faibles ou à moyens revenus, l’idée ne remporte pas le consensus dans les pays à hauts revenus.
L’essayiste Elisabeth Badinter par exemple, s’était émue de ce qu’elle appelle « le retour en force du naturalisme » avec son livre Le Conflit, en 2010, soulevant à propos de l’allaitement dans un entretien au Monde, que les femmes subissaient une « politique de pression, de culpabilisation même ».