Le traitement du cancer cérébral de l’enfant pourrait changer de visage. La protonthérapie, propulsée sur le devant de la scène par l’affaire Ashya King en septembre 2014, est aussi sûre et moins toxique que les radiothérapies traditionnelles, selon une étude. Parue dans le Lancet Oncology, elle développe une nouvelle perspective dans la prise en charge du médulloblastome. Ce cancer du cerveau est le plus fréquent chez l’enfant.
Une approche plus ciblée
La radiothérapie à base de photons est la référence dans le traitement du médulloblastome. Elle complète une intervention chirurgicale et une chimiothérapie. Mais ses effets secondaires sont très lourds. A long terme, elle peut induire des troubles sévères de l’audition, la cognition et même du système hormonal.
La protonthérapie, plus ciblée, endommage moins les tissus environnants. Ce traitement s’est fait connaître au travers de l’affaire Ashya King. Cet enfant britannique a été retiré de l’hôpital de Southampton (Royaume-Uni) et emmené en Espagne, puis en République Tchèque par ses parents. Le système de santé de leur pays d’origine ne prenait pas en charge ce traitement, que le père et la mère souhaitaient adopter.
D’ici 2018, deux centres de protonthérapie devraient ouvrir en Grande-Bretagne. De fait, les bénéfices de cette approche sont de mieux en mieux documentés. Cette dernière étude, menée sur 59 patients (3-21 ans) le confirme. La première partie du traitement a été réalisée de manière classique : résection de la tumeur et chimiothérapie. Mais les chercheurs ont eu recours à la protonthérapie dans une dernière partie.
Une bonne survie à 5 ans
Le suivi à 7 ans révèle l’intérêt supérieur de cette prise en charge, bien que des effets secondaires se manifestent. A 5 ans, 16 % des enfants souffraient d’une perte d’audition sévère. Sur le plan hormonal aussi la moitié des jeunes patients présentent des perturbations. S’y ajoutent des troubles de la compréhension verbale.
En revanche, le raisonnement perceptif est préservé, tout comme la mémoire de travail. Les patients ne développent pas non plus de troubles pulmonaires, cardiaques ou gastro-intestinaux, des effets tardifs mais graves. « Nos résultats suggèrent que la proton-thérapie entraîne un degré acceptable de toxicité et s’accompagne d’une survie similaire à ceux qui ont suivi une radiothérapie à photons », soulignent les auteurs, qui y voient une méthode alternative. Et pour cause : la survie sans progression du cancer atteint 80 % à 5 ans. Un élément supplémentaire qui ouvre la voie à la protonthérapie.