Chacun trouve quelque chose à redire à sa taille, qu’elle soit grande ou petite. Mais tous peuvent aussi en tirer un avantage. Les personnes qui se démarquent par leur hauteur sont ainsi moins à risque de développer certaines pathologies. C’est ce qu’explique une équipe allemande dans le Lancet Diabetes & Endocrinology.
Le monde connaît une poussée de croissance, constatent ces chercheurs. Les Néerlandais témoignent particulièrement bien de cela : en 150 ans, ils ont pris 20 cm. Mais quelles sont les conséquences de cette évolution sur la santé ? Les auteurs se sont posés la question et ont analysé à la fois les causes et les effets d’une taille croissante.
Plus sensibles à l’insuline
Concernant l’origine du phénomène, une explication émerge : nous consommons beaucoup d’aliments riches en calories et en protéines animales. Dès la gestation, les enfants sont donc exposés à une « programmation » différente de l’organisme.
Cela se traduit par l’activation accrue de facteurs de croissance analogues à l’insuline (IGF-1 et IGF-2).
C’est sur ce point que causes et conséquences se rejoignent. « Les données épidémiologiques montrent que 6,5 cm de plus réduisent de 6 % le risque de mortalité cardiovasculaire, mais la mortalité par cancer augmente de 4 % », résume le Pr Matthias Schulze, co-auteur de la publication.
En effet, la régulation des facteurs de croissance et d’autres systèmes de signalisation augmente la sensibilité à l’insuline, ce qui améliore la manière dont les lipides sont assimilés par l’organisme. « Nos résultats montrent que les personnes de grande taille sont plus sensibles à l’insuline et possèdent moins de graisse dans le foie, ce qui pourrait expliquer le risque réduit de maladies cardiovasculaires et de diabète de type 2 », explique le Pr Norbert Stefan, premier auteur. Une analyse bien loin de la thèse évolutionniste de certains, qui y voient une sélection naturelle ou bien une cause génétique.
Une épée à double tranchant
Mais les personnes de plus petite taille tirent leur épingle du jeu sur un autre terrain : les grands sont plus à risque de cancers du sein, du colon-rectum ou de mélanome. La cause est similaire : ces mêmes réseaux provoquent une activation permanente de la croissance des cellules. L’épée est à double tranchant.
Une conclusion peut être tirée de ces observations, selon les chercheurs : les modulations de taille devraient être prises en compte lorsque les méthodes de prévention des maladies sont mises en place. Agir dès la grossesse semble aussi une piste intéressante : « Limiter la suralimentation pendant la grossesse, la petite enfance et la puberté éviterait non seulement l’obésité mais aussi la croissance accélérée de l’enfant – ce qui préviendrait le risque de cancer à l’âge adulte », avancent les chercheurs.